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Décès : Michael Cacoyannis, Zorba et le sirtaki

Publié le 26 juillet 2011 dans Cinéphiles

Le réalisateur chypriote eut son heure de gloire dans les années 50 et 60.
Il y a des œuvres, comme ça, qui vous collent à la biographie. Michael Cacoyannis, décédé le 25 juillet à l’âge de 89 ans, restera dans la mémoire comme le réalisateur de "Zorba le Grec", cinq fois nommé aux Oscars en 1965 et récompensé de trois statuettes. Prise telle quelle, cette simple annonce fourmille de malentendus. Primo, le vrai nom du cinéaste était Mihalis Kakogiannis. Secundo, il n’était pas grec, comme le héros de son film, mais plus précisément chypriote. Tertio, Kakogiannis n’est pas l’homme d’un seul film, ni un sous-fifre hollywoodien spécialisé dans les coproductions "pudding" internationales aux relents exotiques - comme il s’en produit tant dans les années soixante : avant de faire danser le sirtaki à Anthony Quinn (et de populariser dans les restos grecs de pacotille cette danse inventée pour le film), Kakogiannis s’était fait un nom auprès des cinéphiles des années cinquante, avec une poignée de films applaudis dans les grands festivals internationaux.

Né à Limassol (Chypre), Mihalis Kakogiannis partit à Londres à l’âge de dix-sept ans, en 1939, pour étudier le droit, dans le but de devenir avocat. Bloqué en Grande-Bretagne durant le Seconde Guerre mondiale, il participe à l’effort de guerre en produisant des documentaires en grec pour le BBC World Service. C’est là que naît sa vocation de cinéaste.

De retour à Athènes en 1953, il signe l’année suivante son premier long métrage, "Le Réveil du dimanche", au style naturaliste influencé par le néoréalisme italien. Ce film lui vaut la première de ses six sélections au Festival de Cannes. Il enchaîne avec un drame, moderne tragédie grecque, "Stélla", portrait d’une chanteuse de cabaret farouchement indépendante. Golden Globe du meilleur film étranger en 1956, à nouveau sélectionné à Cannes, "Stélla" est considéré par beaucoup comme le meilleur film du réalisateur. En vogue, Kakogiannis est encore couronné du Golden Globe du meilleur film étranger l’année suivante avec son troisième film, "La fille en noir". De ses trois films suivants, "Notre dernier printemps" et "Electre" seront encore découverts sur la Croisette. Le second, adaptation de la tragédie d’Euripide, y recevra le prix de la meilleure adaptation et le grand prix de la Commission supérieure technique du cinéma français.

Fort de sa renommée critique, Michael Cacoyannis se lance en 1964 dans l’adaptation du roman de Nikos Kazantzakis, "Zorba le Grec". Le film est coproduit par l’Américain Anthony Quinn, qui endosse le rôle principal du guide exubérant de Basil, l’écrivain anglais ayant hérité d’une maison en Crète. Irene Papas, qui collabora à plusieurs reprises avec le réalisateur, était également à l’affiche du film, mais c’est Lila Kedrova qui décrochera l’Oscar du meilleur second rôle. Nommé six fois aux Oscars (ce qui reste un record pour le cinéma grec), le film en décrocha deux autres, de la meilleure photographie et de la direction artistique.

Parmi ses autres œuvres cinématographiques, on trouve deux autres adaptations d’œuvres classiques : "Les Troyennes" (1971) avec un beau casting de stars féminines de l’époque (Katharine Hepburn, Vanessa Redgrave, Geneviève Bujold et Irene Papas), ainsi qu’"Iphigenie" (1977), avec Irene Papas, encore. En 2000, sortait encore "La Cerisaie" où Michael Cacoyannis retrouvait Alan Bates (l’interprète de Basil dans "Zorba") et dirigeait Charlotte Rampling. Michel Cacoyannis avait également dirigé la mise en scène de nombreuses pièces de théâtre : là aussi, "Zorba" lui colla à la peau, puisqu’il en signa l’adaptation pour une comédie musicale à Broadway, en 1983.

Alain Lorfèvre

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