C'est du très grand Clint, mais un tout petit peu en dessous de Mystic River ou de Million $ Baby quand même. L'histoire est racontée avec des flashbacks mais rien de déconcertant pour autant. Pas de stars au niveau du casting, beaucoup de jeunes acteurs qui débutent et ça donne énormément de crédibilité à l'histoire. Les scènes de guerre sont très bien filmées et la boucherie est bien pire que celle du Soldat Ryan (on reconnaît quand même que Spielberg a co-produit ce film) mais bien réalistes. Le message final du film (les héros sont fabriqués pour que la population se sente protégée en quelque sorte) est très fort, Clint a évité le patriotisme et l'héroisme à deux balles pour finir son film en douceur, en retenue et avec sobriété. Encore un coup de maître, vivement la suite !

J'ai été assez déçu. Ce n'est pas un mauvais film mais le tout manque cruellement d'émotion. La réalisation est bien foutue. Mais le scénario est insipide. Ok, on voit l'importance des médias...mais c'est tout. Sinon, on a droit à des flash-backs incessants et sans intérêts à propos d'une photo d'un drapeau et des scènes de guerre. Le gros problème de ce film, c'est que Clint a totalement oublié le traitement de ses personnages, ce qui est pourtant sa grande qualité en tant que réalisateur. Résultat, on voit des scènes de guerre avec des types qui se font dégommer...mais ça laisse de marbre et j'ai trouvé tout cela bien vain et inutile. Quant au difficile retour de ces soldats qu'on présente comme des héros, là aussi, j'ai trouvé cette partie ratée. Dans le style" Saving private Ryan" ou "Born on the 4th of July" était autrement percutant. Clint est peut-être meilleur pour les films intimistes que pour les films à grands spectables. Enfin, il a droit à une 2ème chance au mois de mars avec la vision des japonais dans "Letters from Iwo jima".

Clint Eastwood nous livre encore une très belle oeuvre. Ce "Flags of our fathers" est bien interprété, bien filmé et on en sait beaucoup plus sur cette célèbre photographie de 6 hommes plantant un drapeau au sommet d'une montagne. L'idée de mélanger le présent (un fils se renseignant sur ce passage de l'histoire des Etats-Unis dont son père faisait partie), le passé (la prise de ce bout d'île japonaise) et l'autre passé (les soldats de la photo vus en héros alors qu'il ne le sont pas plus que les autres) se révèle très bonne et donne une certaine force au propos. Eastwood réussit encore un film de grande qualité, en invoquant des faits mais en ne prenant pas parti. Et on quitte la sale la larme à l'oeil mais ravit devant un si beau spectacle.

Pendant que la Guerre du Pacifique continue de faire rage et ravages, trois soldats immortalisés par un photographe au bon (?) moment sont conviés à rentrer au Pays pour promouvoir l'effort de guerre. Au menu pour ces survivants d'une boucherie immonde: parades théâtrales, courbettes écoeurantes et parodies grotesques. Traîtés en Héros pendant que leurs frères d'armes continuent à se faire massacrer, chacun le gèrera plus ou moins bien avec sa conscience.... Après Indigènes, un nouveau film de guerre qui n'en est pas tout à fait un. Des soldats transformés en stars du "showbiz", une ironie scandaleuse dans un but louable et nécessaire que Clint Eastwood dénonce tout en nuançant chaque point de vue. Le Réalisateur prend tout son temps, conjugant trois époques pour mieux appuyer son récit mais risquant toutefois d'émousser un peu le patience de certains à la longue. Pourtant l'oeuvre gagne en puissance, au fur et à mesure que le voile est levé sur les expériences respectives de chacun. En outre, le film bénéficie manifestement de la participation de Spielberg (présent sous la casquette de Producteur) dans la mise en scène tant les affrontements sont époustouflants de réalisme. Et quel plaisir de retrouver Adam Beach, sous le même casque de Navajo comme dans Windtalkers. Une oeuvre pertinente et magistralement tournée.

Je ne sais si Clint Eastwood a voulu nous prouver le côté absurde de toute guerre mais il ne nous explique pas vraiment l'importance stratégique de cet ilôt perdu dans le Pacifique ni le manque de préparation des marines pour un tel assaut. Ceci dit, une fois de plus, on nous montre le décalage entre la vision de la guerre par ceux qui la vivent sur le terrain et ceux qui la dirigent dans les bureaux d'état major. Quant au public, il ne peut connaître de la guerre que ce qu'on veut bien lui montrer. Et honorer les "héros" qu'on veut bien lui présenter. Je suis curieux de connaître la "version japonaise" de cette bataille d'Iwo Jima. Ceci dit en dehors du casting pas très convaincant, ce film n'a pas beaucoup de raisons d'être méchamment critiqué.