Nymphomaniac - Part 1
Réalisateur:
Synopsis :
La folle et poétique histoire du parcours érotique d'une femme, de sa naissance jusqu'à l'âge de 50 ans, racontée par le personnage principal, Joe, qui s'est auto-diagnostiquée nymphomane. Par une froide soirée d'hiver, le vieux et charmant célibataire Seligman découvre Joe dans une ruelle, rouée de coups. Après l'avoir ramenée chez lui, il soigne ses blessures et l'interroge sur sa vie. Seligman écoute intensément Joe lui raconter en huit chapitres successifs le récit de sa vie aux multiples ramifications et facettes, riche en associations et en incidents de parcours.
Avis des internautes du film Nymphomaniac - Part 1
Publié le 31 mars 2014
"Emmerdant"! Je n'en dirai pas plus. Je donne 5/10 car peut-être, je ne suis pas parvenu moi à entrer dans ce film.
Publié le 16 janvier 2014
Décevant...Dommage...Moi qui adore Lars Von Triers et Charlotte Gainsbourg...RIEN n'est crédible...Les mecs sont tous dociles, jamais de colère ni de violence, il se font mener à la baguette par une gamine fragile (elle les ramène chez elle en +, tranquille)...Pour une nympho, les scènes sont trop répétitives! Une vrai nympho cherche à aller de plus en plus loin, les situations de + en + loufoques...Il n'y a pas de recherche de plaisir mais de collection de mecs (la nymphomanie étant censée être "le désir sexuel exacerbé chez une femme"). Charlotte Gainsbourg enfant à des grands yeux bleus clairs (c'est original, erreur de casting peut-être?)...Bref bcp d'illogisme, d'irréalisme etc...Dommage car le sujet est très intéressant...
Publié le 12 janvier 2014
De prime abord peu évident, le dernier film de Lars Von Trier ne laissera pas le spectateur indifférent. Découpé en deux parties, il retrace l'histoire du parcours érotique d'une femme, Joe, depuis son enfance jusqu'à l'âge de 50 ans. Divisé en plusieurs chapitres qui sont autant de mini-récits et de situations diverses, ce premier volet se concentre sur la première partie de la vie de la jeune femme, narrée par Charlotte Gainsbourg et incarnée par Stacy Martin. Relatant son expérience et son ressenti troublant à l'homme qui l'a recueillie chez lui (Stellan Skarsgard) après l'avoir trouvée ensanglantée dans d'obscures conditions, elle dévoile alors petit à petit les rencontres et les épisodes marquants qui ont émaillé sa vie, sexuelle en l'occurrence. Hormis quelques passages somme toute gratuitement provocateurs, le film est façonné d'ingrédients intéressants, le cynisme et le décalage, poétique parfois, arrivant en tête (pointons ici la scène où intervient Uma Thurman). L'ensemble donne le sentiment d'un point de vue tranché mais suscitant la réflexion. Souffrant de quelques longueurs, sciemment installées, le récit de la vie du personnage est suffisamment complexe pour qu'on ait envie d'en connaître la suite.
Publié le 12 janvier 2014
L'une des vertus du cinéma de Von Trier, c'est bien qu'il est incapable de mentir. Non qu'il ne séduise par sa glorification constante des puissances du faux, son ironie (qui, LVT le rappelle à longueur de film de son ricanement jaune, n'a décidément rien à voir avec l'humour), le sarcasme, les effets de distance ou encore la provocation facile, mais ce cinéma insulaire dévoile (depuis « Antichrist » et cette dépression nerveuse qui est désormais le carburant exclusif de sa création) avec beaucoup de naïveté l'auteur qui se cache derrière, sans impudeur mais sans fard non plus, avec une sincérité que lui-même ne doit pas soupçonner. Les dialogues sont le lieu privilégié de cette expression directe, et LVT semble souvent vouloir s'adresser (se confier ? se psychanalyser ? disserter ?) par le truchement de son personnage directement au spectateur, là où la membrane fictionnelle parait mince comme jamais. Cela ne va pas sans un didactisme de circonstance qui peut débecter (sont cités pêle-mêle Palestrina, la polyphonie de Bach, « Le parfait pêcheur à la ligne » d'Izaac Walton, la suite de Fibonacci, la biographie de Poe, un schéma théorique de créneau parfait, la numérologie, Rammstein, ainsi qu'une indigente métaphore longuement filée entre la nymphomanie et la pêche aux poissons) mais a le mérite insolant d'une certaine littéralité (Von Trier écrit tout sur l'écran, tout ce qui est dit est immédiatement montré) où réside ses seules véritables provocations. Il serait possible de placer toute une série de considération de Joe (Gainsbourg) et Seligman (Stellan Skarsgård), l'homme qui la recueille et dialogue avec elle, dans la bouche de Von Trier, entre réflexions sur le sexe et la vie (« On se promène sans but en attendant de pouvoir enfin mourir », cité de mémoire) qui rappelle les intermèdes philo de « A L'Aventure » de Brisseau jusqu'à une embarrassante sortie sur l'antisionisme. Alors quand Gainsbourg annonce que l'histoire qu'elle va raconter sera longue, et ajoute après un petit suspens : « ...et très certainement morale, je le crains. », on sait exactement dans quoi on embarque. La surprise est de voir le cinéaste refuser la surenchère et préférer les dispositifs déceptifs — « L'Inconnu du Lac » est bien plus prolixe et pertinent sur la question de la représentation du sexe à l'écran — et même délaisser l'influence trop évidente de Sade pour celle de... Diderot avec une forme de dialogue digressif dans la lignée directe de « Jacques Le Fataliste », qui sape de fond en comble le récit en remettant en cause sa crédibilité, sa pertinence et sa vraisemblance par une série incessante de parenthèses discursives. Dès lors, l'intérêt se déplace sur les procédés littéraires, didactiques et trop rarement cinématographiques mis en place par Von Trier pour subvertir à la narration classique une série de dissertations inégalement drôles. D'où le peu d'adhésion générable par un film qui, comme le récit de Diderot le faisait avec son lecteur, se fout littéralement de la gueule de son spectateur, et dont la chute ne pourra être que grotesque ou risible (ça reste à vérifier à l'issue du volume 2). A chaque film, Von Trier semble un peu plus seul qu'avant, plus isolé, plus retranché du monde. Sa nymphe « Joe » est une figure exsangue et vampirique à la fois, insensible, alexithymique, qui frôle l'abstraction et fait voir la société par son prisme déformant de dévitalisation généralisée. Comme le note S. Delorme : « Nymphomaniac est un film sur l'insensibilité absolue, [...] directement connecté à l'univers. Pour [Von Trier], il n'y a que deux entités, à égalité, flottant dans le néant : Moi et le monde. Et l'un peut détruire l'autre. ». Nymph()maniac atteint son plein rendement uniquement lorsqu'il carbure à cette solitude mélancolique, quand on sent l'auteur broyer du noir en solo pour les seuls fins de goûter au fin fond de l'abîme dépressif. Deux des plus belles scènes du film se passent d'ailleurs dans les tréfonds d'un hôpital : ce sont les visions cosmiques de Joe enfant, attendant dans le couloir avant son anesthésie, où Von Trier raccorde le visage tendu de la jeune fille et ses fantasmes d'absolu incarnés dans quelques vues du cosmos, et 15 ans plus tard lorsqu'elle quitte à contrecœur la chambre de son père mourant pour s'envoyer n'importe quel blanchisseur du sous-sol tandis que son visage déchiré par la tristesse se décadre lentement. Ni l'une ni l'autre n'évoquent explicitement « Riget » (« L’hôpital et ses fantômes », 1994 & 1997), la série qui trônait, avant « Melancholia », comme le sommet évident de l’œuvre avec son fantastique de poche et ses décrochages grotesques de mauvais élève en grammaire cinématographique dans la topographie glauque d'un lieu virtuellement inépuisable. Mais ces scènes en retiennent l'essence poétique et une conception du romantisme héritée de Lovecraft. Ailleurs, dans la séquence la plus saisissante du Von Trier-vieille méthode, Uma Thurman (sans maquillage) est catapultée dans le récit en épouse et mère éconduite convoquant ses enfants à visiter l'appartement de la maitresse de son mari. Scène qui a le mérite d'amener enfin à terme le projet de comédie de Von Trier et de réactiver une figure récurrente des cinéastes maniaco-dépressifs (chez Zulawski et Fassbinder par exemple) : une hystérique en position de faiblesse critique se donne en spectacle devant un bout de société (ici deux hommes et trois enfants pris en otage) tandis qu'une autre, apathique, l'observe longuement sans rien pouvoir dire, attendant que la scène se déroule (les climax d'« Idioterne », « Dancer in The Dark », « Dogville », « Epidemic » sont tous construits sur ce modèle). Irrigué par ses visions de chair triste, la misanthropie irréconciliable et le nihilisme de Von Trier, Nymph()maniac s'envole vers les meilleurs instants de sa filmographie, mais trop de pistes avortées le ramène à terre, et l'inégalité des chapitres (le premier et le cinquième sont les meilleurs, le deux et le quatre sont assez faibles) voisine avec l'hétéroclite arbitraire d'une esthétique qui revendique, mais de façon trop ostentatoire, l'absence d'unité formelle. Voilà pourtant bien un cinéma unique qui réussit la dialectique et l'équilibre d'exprimer un dégoût de l'humanité et des pulsions de mort non purgées tels sans céder ou susciter lui-même l'ignominie, l'antipathie ou le rejet. Sans jamais convaincre ni s'abandonner à sa noirceur foncière derrière ses rasades bouffonnes, Nymph()maniac convoque à la fois le pire et le meilleur dont Von Trier est capable sans les juguler dans cet idéal de Forme Majeure à laquelle il aspire.
columbo