Restless

Origine:
  • États-Unis
Genre:
  • Drame
Année de production: 2011
Date de sortie: 21/09/2011
Durée: 1h31
Tout public
Synopsis : Bien qu’en phase terminale d’un cancer, la jeune et jolie Annabel Cotton est animée d’un amour profond de la vie et de la nature. De son côté, Enoch Brae a cessé d’avoir envie de faire partie du monde depuis que ses parents sont tragiquement morts dans un accident. Lorsque ces deux êtres à part se rencontrent à un enterrement, ils se découvrent d’étonnants points communs. Pour Enoch, dont le meilleur ami se trouve être le fantôme d’un pilote de guerre kamikaze, et Annabel, qui voue une fascination à Charles Darwin et à la vie de toute créature, c’est le début d’une relation exceptionnelle. En apprenant la mort imminente d’Annabel, Enoch propose de l’aider à vivre ses derniers jours avec intensité, au point de défier le destin, les traditions et la mort elle-même.

Vidéo du film Restless

Posters du film Restless

Photos du film Restless

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Avis des internautes du film Restless

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Publié le 21 décembre 2011
La question ne se pose pas de savoir si Restless est un « grand » ou un « petit » film. C'est le film d'un grand cinéaste ; il faut l'apprécier comme tel. Dans un entretien datant de la sortie de La Mort d'Empédocle, Jean-Marie Straub rapportait ceci sur John Ford : « On lui demandait ce qu'il préférait au cinéma, il répondait "Renoir" et le journaliste demande : "Alors, dites-moi quel film de Renoir" et Ford répond : "Non, non, tous". Eh bien ça, c'est quelque chose de sérieux sur un cinéaste ; parce qu'en effet, on ne peut pas choisir parmi les films de Renoir ». Évidemment, il y a loin de la coupe de l'auteur de Mala Noche aux lèvres de celui de Partie de Campagne, et on peut choisir entre Paranoïd Park et Even Cowgirls Get The Blues, mais le bon mot est valable ici pour comprendre l'attachement qu'on peut développer face à une filmographie aussi riche, variée et pourtant cohérente, idiosyncrasique que celle d'un réalisateur capable d'aligner My Own Private Idaho, To Die For, un remake de Psycho, Elephant et Gerry en à peine plus de dix ans. Van Sant n'est évidemment pas Renoir : son style est plus immédiatement reconnaissable, mais il peut exceller aussi bien dans un film plus classique comme Milk que dans ses expérimentations sur l'adolescence qui constitue l'essentiel du cinéma des années 2000, Elephant et Paranoïd Park en tête. L'auteur au sens plein du terme ne cesse de jouer au chat et à la souris avec le système des studios hollywoodiens en injectant une personnalité forte dans les projets les plus commerciaux (Finding Forrester, Good Will Hunting), et à première vue Restless constitue plus une tentative de classicisme qu'une expérimentation Bela Tarresque à la Last Days. L'anecdote obéit ainsi au canevas très typé et cadenassé de la comédie romantique avec ses passages obligés de séparations, retrouvailles, sans beaucoup de comédie mais un surplus de romantisme mortifère, mais le grand sujet porté par Van Sant reste l'indolence de l'existence dans une esthétique de la mort au travail, avec une éthique de la consolation d'avant l'orage. Il faut louer dans cette liturgie la collaboration de Van Sant avec le chef opérateur Harris Savides (la trilogie de GVS, mais aussi Somewhere de Coppola, Zodiac et The Game de Fincher, Birth de Glazer) qui atteint de nouveaux pics : cette automne de la vie et des sentiments est magnifié mais jamais figé dans une gamme de sépias, ocres et marrons, où la lumière a la triste et belle fonction de sculpter non plus les formes et l'espace mais le temps qu'il reste, un peu à la manière de Hsiao-Hsien Hou. Bon indice encore : confié à un réalisateur de moindre talent du genre Mottola, Gondry, Baumbach ou même Wes Anderson, les écueils d'un scénario aux scènes impossibles de ridicule auraient fait sombrer le projet. La scène de présentation d'Annabel devant la tombe des parents d'Enoch ou celles de traitements à l'hôpital en sont de bons exemples. Ici, on navigue en eaux troubles, entre une sensibilité morbide non feinte pour les personnages (désamorçage de l'effet « Love Story ») et une oscillation transparente entre adéquation à leur strict point de vue et légers décollements externes. Nulle rupture de plan ou de la musique n'accompagne la crise d'Annabel qui intervient dans la plus limpide des scènes du film : deux sœurs discutant ensemble dans leur cuisine. Plus tard, c'est la mort la plus douce jamais filmée, une sorte d'épiphanie sourde de l'amour qui se délie par un bris de verre : tout ceci n'était qu'une mise en scène des personnages eux-mêmes. A répéter à tue-tête la mort, l'invoquer et traquer ses signes dans le quotidien, Restless dessine un beau triangle (n'écartons pas le 'buddy' fantôme Hiroshi) dont il ne s'échappera pas, avec une diaphane invitation à la célébrer.
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