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Vu à Cannes: "Piu Buio Di Mezzanote" !
Publié le 16 mai 2014 dans Actu ciné
Nicolas Gilson, notre envoyé spécial à Cannes, nous livre ses impressions sur le premier film de Sebastian Riso Piu Buio Di Mezzanote.
Premier long-métrage de Sebastiano Riso, Piu Buio Di Mezzanote appréhende le parcours de Davide, un adolescent de 14 ans, qui fugue bien décidé à pouvoir affirmer qui il est. Une prise de liberté qui n’est pas sans conséquences – ni raisons – et qui s’accompagne de la découverte d’un univers marginal. En ancrant un dialogue avec le passé du protagoniste, le réalisateur propose un portrait elliptique tendre et cruel à la fois.
La découverte de Davide (impressionnant Davide Capone) s’accompagne d’entrée de jeu de la perception du trouble qui est le sien. Alors qu’il s’apprête à chanter dans un espace qui lui laisse libre cours à exprimer qui il est – un grenier merveilleux où prennent place une kyrielle d’icône queer – son père hurle après lui. A mesure que son nom résonne lourdement, l’impossibilité d’extérioriser sa personnalité s’impose sans détour et avec économie.
En choisissant la fuite, Davide opte pour rompre tout lien avec sa famille. Le geste peut paraître simple, presque simpliste, mais en brisant son cellulaire, il rompt toute connexion. Livré à lui-même, l’adolescent androgyne s’aventure dans un parc fréquenté par des marginaux – homosexuels, prostitué(e)s ou pas – avant de se retrouver à en suivre certains dans un cinéma porno. La réalité d’un plein univers s’offre à lui (et à nous) sans détour. S’il peut maintenant se vivre, Davide doit d’abord survivre : après une première nuit dehors, il découvre à travers Rettore ceux qui deviendront bientôt sa famille d’adoption au contact de qui il peut s’exprimer.
Si Sebastiano s’intéresse à la rencontre de ce nouveau monde, il esquisse la réalité du parcours de Davide avec une réelle superficialité tant il ne se concentre que sur les interactions et le trouble qu’elles suscitent et qui nourrissent peu à peu son protagoniste. Le regard de Davide est l’élément central de son approche : nous découvrons cet univers à travers et en même temps que lui. Un univers où la musique revêt par ailleurs un rôle prépondérant. Le réalisateur construit son scénario en liant deux hypothèses temporelles : le présent relatif (le temps de la fugue et de l’envol) et le passé du protagoniste. Les séquences de flash-back ponctuent ainsi l’évolution narrative et conduisent peu à peu à la révélation des raisons de la fuite. Celles-ci paraissent-elles apriori banales que la radicalité de la décision de Davide – son refus à retrouver le foyer parental pourtant proche – est proprement interpellante. Jusqu’où est-il prêt à aller…
L’approche du réalisateur présente-t-elle l’intérêt d’épouser le regard de Davide et d’exacerber son trouble qu’elle est quelque peu duale, à la fois sublime et artificielle (tant le jeu de certains protagonistes est affecté) et manque peut-être de radicalité (Sebastiano Riso ne se tenant pas à une ligne esthétique claire et s’égarant quelque peu vers une pleine esthétisation). Toutefois, certaines séquences, filmées dans leur continuité, rappellent certaines réalisations de Chantal Akerman et de Eric Kuyper (la scène « intime » entre Davide Capone et Pippo Delbono est majestueuse) tandis que le film n’est pas sans évoquer le cinéma léger et excentrique des premiers Almodovar. A la fois témoin et complice de l’évolution de Davide, nous embarquons pleinement au coeur de ses aventures dont le final ne peut que marquer nos esprits.
Pour découvrir le site de Nicolas Gilson, c'est par ici !
La découverte de Davide (impressionnant Davide Capone) s’accompagne d’entrée de jeu de la perception du trouble qui est le sien. Alors qu’il s’apprête à chanter dans un espace qui lui laisse libre cours à exprimer qui il est – un grenier merveilleux où prennent place une kyrielle d’icône queer – son père hurle après lui. A mesure que son nom résonne lourdement, l’impossibilité d’extérioriser sa personnalité s’impose sans détour et avec économie.
En choisissant la fuite, Davide opte pour rompre tout lien avec sa famille. Le geste peut paraître simple, presque simpliste, mais en brisant son cellulaire, il rompt toute connexion. Livré à lui-même, l’adolescent androgyne s’aventure dans un parc fréquenté par des marginaux – homosexuels, prostitué(e)s ou pas – avant de se retrouver à en suivre certains dans un cinéma porno. La réalité d’un plein univers s’offre à lui (et à nous) sans détour. S’il peut maintenant se vivre, Davide doit d’abord survivre : après une première nuit dehors, il découvre à travers Rettore ceux qui deviendront bientôt sa famille d’adoption au contact de qui il peut s’exprimer.
Si Sebastiano s’intéresse à la rencontre de ce nouveau monde, il esquisse la réalité du parcours de Davide avec une réelle superficialité tant il ne se concentre que sur les interactions et le trouble qu’elles suscitent et qui nourrissent peu à peu son protagoniste. Le regard de Davide est l’élément central de son approche : nous découvrons cet univers à travers et en même temps que lui. Un univers où la musique revêt par ailleurs un rôle prépondérant. Le réalisateur construit son scénario en liant deux hypothèses temporelles : le présent relatif (le temps de la fugue et de l’envol) et le passé du protagoniste. Les séquences de flash-back ponctuent ainsi l’évolution narrative et conduisent peu à peu à la révélation des raisons de la fuite. Celles-ci paraissent-elles apriori banales que la radicalité de la décision de Davide – son refus à retrouver le foyer parental pourtant proche – est proprement interpellante. Jusqu’où est-il prêt à aller…
L’approche du réalisateur présente-t-elle l’intérêt d’épouser le regard de Davide et d’exacerber son trouble qu’elle est quelque peu duale, à la fois sublime et artificielle (tant le jeu de certains protagonistes est affecté) et manque peut-être de radicalité (Sebastiano Riso ne se tenant pas à une ligne esthétique claire et s’égarant quelque peu vers une pleine esthétisation). Toutefois, certaines séquences, filmées dans leur continuité, rappellent certaines réalisations de Chantal Akerman et de Eric Kuyper (la scène « intime » entre Davide Capone et Pippo Delbono est majestueuse) tandis que le film n’est pas sans évoquer le cinéma léger et excentrique des premiers Almodovar. A la fois témoin et complice de l’évolution de Davide, nous embarquons pleinement au coeur de ses aventures dont le final ne peut que marquer nos esprits.
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