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Vu à Cannes: "Grace of Monaco" d'Olivier Dahan
Publié le 15 mai 2014 dans Actu ciné
Nicolas Gilson, notre envoyé spécial à Cannes, nous livre ses impressions !
Après la vie d’Edith Piaf (La Môme, 2007), Olivier Dahan s’applique à mettre en scène un nouveau biopic. Avec Grace of Monaco, il ne s’intéresse toutefois qu’à une période clé, celle où Grace Kelly, après avoir épousé le Prince Rainier et lui avoir offert deux enfants, s’impose comme Altesse Sérénissime. Il livre un film artificiel des plus épisodique au sein duquel ne brillent guère que les pierres de la maison Cartier.
Au début des années 1960, alors que Grace Kelly se voit proposer par Alfred Hitchcock un nouveau rôle au cinéma, Monaco est face à une crise diplomatique avec la France. Alors divisée, la femme qui a du mal à trouver sa place sur le Rocher doit plus que jamais trouver sa place.
Olivier Dahan a le bon goût d’ouvrir son film sur une scène où Grace Kelly est dans une décapotable, sillonnant une route tandis que la musique envahit l’espace. Alors encore actrice, la femme sort de son personnage, est applaudie par l’équipe de tournage et, sans que jamais nous ne voyions son visage, rejoint sa loge. L’hypothèse de starification est, à l’instar de l’artificialité de l’approche du réalisateur, poussée à l’extrême. Presque par magie, une fois qu’elle est face à son reflet, tandis que la radio annonce son départ pour Monaco, Olivier Dahan dévoile ses traits. L’ensemble est déjà emprunté. Nous voilà en condition (ou pas).
Sur base d’un scénario superficiel et rempli d’ellipses, comme une succession de vignettes dont les personnages sont croqués grossièrement, les nouveaux enjeux auxquels doit faire face la Princesse et son Royaume s’inscrivent et s’enchainent sans jamais tendre au moindre ressenti (et sans réel développement). L’approche est en tout point spectaculaire. Tandis que la musique exacerbe le plus souvent le pathos de la principale protagoniste ou dicte toute dimension atmosphérique, les dynamiques de cadrage et de montage épuisent tant l’approche est (dé)monstrative.
Le réalisateur tente-t-il d’insuffler une démarche auteuriste que le film vire ponctuellement au kitsch le plus complet. Chez Dahan, les prêtres rappellent les publicités (vintage) pour les pâtes et certains effets de montage (entre les fondus enchainés plus ridicules que vieillots et les improbables effets de Split-screen) flairent « Les feux de l’amour » (ou leur générique)…
Pourtant il ancre un travail très poussé sur la photographie au point que la lumière apparaît continuellement comme irisée. S’agit-il de sublimer la belle (qui à aucun moment ne fait son âge) que s’impose l’impression que son objectif était de mettre une lumière en contre-jour dans le plus de plans possible. Un effet qui – en plus d’être désagréable – est des plus affecté. Une impression générale qui ruine proprement ses tentatives d’être au plus prêt du trouble de la femme à qui donne ses traits Nicole Kidman. Toutefois, force est de constater qu’il annihile lui-même la tension qu’il cherche à mettre en place lorsque la musique vient notamment renforcer le poids que le discours de Grace Kelly est censé avoir.
Et si les conventions cinématographiques nous demandent d’accepter que la langue commune soit celle de Shakespeare, celles-ci ne cessent d’être mises à mal, sans la moindre logique alors que la langue (française) constitue justement l’un des enjeux soulevés. Bref, nous en demandons certainement trop. Aussi contentons-nous de rire.
Pour découvrir le site de Nicolas Gilson, c'est par ici !
Au début des années 1960, alors que Grace Kelly se voit proposer par Alfred Hitchcock un nouveau rôle au cinéma, Monaco est face à une crise diplomatique avec la France. Alors divisée, la femme qui a du mal à trouver sa place sur le Rocher doit plus que jamais trouver sa place.
Olivier Dahan a le bon goût d’ouvrir son film sur une scène où Grace Kelly est dans une décapotable, sillonnant une route tandis que la musique envahit l’espace. Alors encore actrice, la femme sort de son personnage, est applaudie par l’équipe de tournage et, sans que jamais nous ne voyions son visage, rejoint sa loge. L’hypothèse de starification est, à l’instar de l’artificialité de l’approche du réalisateur, poussée à l’extrême. Presque par magie, une fois qu’elle est face à son reflet, tandis que la radio annonce son départ pour Monaco, Olivier Dahan dévoile ses traits. L’ensemble est déjà emprunté. Nous voilà en condition (ou pas).
Sur base d’un scénario superficiel et rempli d’ellipses, comme une succession de vignettes dont les personnages sont croqués grossièrement, les nouveaux enjeux auxquels doit faire face la Princesse et son Royaume s’inscrivent et s’enchainent sans jamais tendre au moindre ressenti (et sans réel développement). L’approche est en tout point spectaculaire. Tandis que la musique exacerbe le plus souvent le pathos de la principale protagoniste ou dicte toute dimension atmosphérique, les dynamiques de cadrage et de montage épuisent tant l’approche est (dé)monstrative.
Le réalisateur tente-t-il d’insuffler une démarche auteuriste que le film vire ponctuellement au kitsch le plus complet. Chez Dahan, les prêtres rappellent les publicités (vintage) pour les pâtes et certains effets de montage (entre les fondus enchainés plus ridicules que vieillots et les improbables effets de Split-screen) flairent « Les feux de l’amour » (ou leur générique)…
Pourtant il ancre un travail très poussé sur la photographie au point que la lumière apparaît continuellement comme irisée. S’agit-il de sublimer la belle (qui à aucun moment ne fait son âge) que s’impose l’impression que son objectif était de mettre une lumière en contre-jour dans le plus de plans possible. Un effet qui – en plus d’être désagréable – est des plus affecté. Une impression générale qui ruine proprement ses tentatives d’être au plus prêt du trouble de la femme à qui donne ses traits Nicole Kidman. Toutefois, force est de constater qu’il annihile lui-même la tension qu’il cherche à mettre en place lorsque la musique vient notamment renforcer le poids que le discours de Grace Kelly est censé avoir.
Et si les conventions cinématographiques nous demandent d’accepter que la langue commune soit celle de Shakespeare, celles-ci ne cessent d’être mises à mal, sans la moindre logique alors que la langue (française) constitue justement l’un des enjeux soulevés. Bref, nous en demandons certainement trop. Aussi contentons-nous de rire.
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