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Après Aubier et Patar, un autre épatant duo animé : Szabo et Giraud !
Publié le 27 février 2014 dans Actu ciné
Fernand Denis a rencontré les réalisateurs du très réussi Minuscule - La vallée des fourmis perdues.
Minuscule, c’est l’histoire d’un court métrage qui est devenu grand ?
Thomas Szabo. Oui, de "Mouche à merde" un court métrage que j’ai réalisé en 2003 pour trouver du travail dans la publicité. Je viens de l’animation 2D et je voulais montrer que j’étais capable de mélanger prise de vue réelle et animation. Je travaillais déjà avec Hélène et le producteur Philippe Delarue. Tout le monde a dit qu’il y avait du potentiel. Avec Hélène, on a réfléchi a comment transformer le principe en série, on a fait un pilote. Et on a lancé la saison 1.
Hélène Giraud. A la fin de la saison 1 on a écrit le scénario du long métrage et pendant qu’on réalisait la saison 2, Philippe Delarue montait le financement du long métrage. Ce fut difficile. Et quand la saison fut terminée, on a commencé le long métrage qui nous a pris deux ans.
Deux ans, ce n’est pas beaucoup car vous accumulez les difficultés en mélangeant animation, prise de vue réelle et 3D.
HG. C’est le relief qui est très compliqué. Cela alourdit la production car il faut multiplier par trois le temps de réalisation d’une scène. C’est beaucoup de réglages, mesurer la distance à l’œil gauche, l’œil droit, mettre des repères pour que la 3D s’intègre correctement dans la profondeur. Les deux caméras ne sont pas très maniables et pour filmer au ras du sol, on était obligé de creuser des trous d’un mètre de profondeur pour installer la caméra.
Autre défi, c’est un film sonore mais muet, sans dialogue.
TS. On n’a jamais douté de cela car le cinéma muet fonctionnait. Mais cela inquiétait les financiers. "The Artist" est arrivé trop tard pour nous. En revanche, j’avais un petit doute qu’on puisse s’attacher aux insectes pendant 90 minutes. C’est important qu’on puisse avoir de l’affection pour la petite coccinelle, qu’on comprenne l’amitié qui se lie avec la fourmi. On a travaillé de façon très morcelée et ce n’est qu’à l’issue du premier montage que j’ai été rassuré.
Encore un défi, s’adresser à tout le monde, pas seulement aux enfants.
HG. On l’a écrit pour la famille. On ne s’est pas dit, c’est pour les 4 à 8 ans. On a écrit les scènes qu’on avait envie de voir au cinéma, comme la scène finale ou celle de la rivière.
Il y a beaucoup de références cinéphiles : Le seigneur des anneaux, Psychose, Microcosmos, Fitzcaraldo…
TS. Bien sûr, c’est aussi "le salaire de la peur". "La vallée des fourmis perdues" est un clin d’œil à "L’homme des vallées perdues". Il y a "Indiana Jones" et même "2001" avec la boîte d’allumettes.
Il y a aussi des questions que devront affronter les parents. Du genre : c’est vrai que ça repousse une aile de coccinelle ?
HG. On est parti sur des choses réelles. Le jet vert que la coccinelle envoie à la mouche, c’est un répulsif qu’elle secrète et dont elle se sert pour se défendre. Mais l’aile, on a un peu forcé la nature, c’est la licence poétique. Cela voulait dire symboliquement, qu’elle retrouvait son autonomie. C’est l’aspect mythologique du film, grâce aux fourmis, elle trouve une famille d’adoption. C’est une vision décalée de ce qui existe en vrai. D’ailleurs, beaucoup de profs utilisent "Minuscule" pour parler des insectes, comme base de discussion, mais on n’a jamais eu de prétention "scientifique".
Avez-vous une ambition au-delà du divertissement ?
HG. On a grandi à la campagne tous les deux, on a essayé de transmettre notre attachement à la nature. Cela a déterminé nos choix. Ce n’est pas une série hystérique mais plutôt poétique. Après, on peut y voir une sensibilité écologique. Le tournage a le label écologique, ça veut dire qu’on a regroupé les lieux pour ne pas faire trop de trajets, que pour l’éclairage on s’est servi du soleil plutôt que des groupes électros. La lumière plus jolie. S’il y a un message, c’est : ne mangez pas du sucre.
Après Nemo, tous les enfants voulaient un poisson. Craignez-vous une fourmi-mania ?
Il existe des milliards de fourmis sur terre et on ne s’attache pas à une fourmi comme à un poisson. Mais ce qui nous a vraiment fait plaisir avec la série, c’est lorsque des parents venaient nous dire : "Depuis que notre enfant regarde "Minuscule", il a moins peur des araignées. Je ne sais si le long métrage va provoquer cela, mais je n’aimerais pas qu’ils écrasent des fourmis rouges dès qu’ils en voient. Si la curiosité augmente, c’est formidable.
Le film est muet mai il est très sonore, le travail sur le son est épatant, l’autoroute des insectes est inoubliable.
TS. Ils ont les embouteillages, la pollution, le bruit, le stress; ils ont tout les insectes. Il y a une autre vie au-dessous de la nôtre et au-dessus aussi. Ils sont plus nombreux que nous, on vit chez eux, en fait. Il y a des villes d’insectes, ils ont leur vie à eux. Dans la série, on a développé les bruitages, les mouches ont un bruit de moto, par exemple. J’ai toujours adoré les sons design de Ben Burtt dans "Star Wars".
Le film s’exporte-t-il d’autant mieux qu’il n’a pas de langue ?
HG. A ce jour, il a été vendu dans 40 pays dont la Chine où il va être diffusé dans 1200 salles. On est très fier qu’il s’exporte là-bas car on s’est battu pour que le film ne soit pas réalisé en Asie. Comme la série, le film a été réalisé pour moitié en France à Angoulême et pour moitié en Belgique, à Liège, au Pôle Image qui s’est occupé de l’animation, de la modélisation. Un esprit belge s’est faufilé dans le film, mon grand-père était belge, il vivait à Bruxelles…
Pour en savoir plus, n'hésitez pas à aller faire un tour sur le site du film !
Thomas Szabo. Oui, de "Mouche à merde" un court métrage que j’ai réalisé en 2003 pour trouver du travail dans la publicité. Je viens de l’animation 2D et je voulais montrer que j’étais capable de mélanger prise de vue réelle et animation. Je travaillais déjà avec Hélène et le producteur Philippe Delarue. Tout le monde a dit qu’il y avait du potentiel. Avec Hélène, on a réfléchi a comment transformer le principe en série, on a fait un pilote. Et on a lancé la saison 1.
Hélène Giraud. A la fin de la saison 1 on a écrit le scénario du long métrage et pendant qu’on réalisait la saison 2, Philippe Delarue montait le financement du long métrage. Ce fut difficile. Et quand la saison fut terminée, on a commencé le long métrage qui nous a pris deux ans.
Deux ans, ce n’est pas beaucoup car vous accumulez les difficultés en mélangeant animation, prise de vue réelle et 3D.
HG. C’est le relief qui est très compliqué. Cela alourdit la production car il faut multiplier par trois le temps de réalisation d’une scène. C’est beaucoup de réglages, mesurer la distance à l’œil gauche, l’œil droit, mettre des repères pour que la 3D s’intègre correctement dans la profondeur. Les deux caméras ne sont pas très maniables et pour filmer au ras du sol, on était obligé de creuser des trous d’un mètre de profondeur pour installer la caméra.
Autre défi, c’est un film sonore mais muet, sans dialogue.
TS. On n’a jamais douté de cela car le cinéma muet fonctionnait. Mais cela inquiétait les financiers. "The Artist" est arrivé trop tard pour nous. En revanche, j’avais un petit doute qu’on puisse s’attacher aux insectes pendant 90 minutes. C’est important qu’on puisse avoir de l’affection pour la petite coccinelle, qu’on comprenne l’amitié qui se lie avec la fourmi. On a travaillé de façon très morcelée et ce n’est qu’à l’issue du premier montage que j’ai été rassuré.
Encore un défi, s’adresser à tout le monde, pas seulement aux enfants.
HG. On l’a écrit pour la famille. On ne s’est pas dit, c’est pour les 4 à 8 ans. On a écrit les scènes qu’on avait envie de voir au cinéma, comme la scène finale ou celle de la rivière.
Il y a beaucoup de références cinéphiles : Le seigneur des anneaux, Psychose, Microcosmos, Fitzcaraldo…
TS. Bien sûr, c’est aussi "le salaire de la peur". "La vallée des fourmis perdues" est un clin d’œil à "L’homme des vallées perdues". Il y a "Indiana Jones" et même "2001" avec la boîte d’allumettes.
Il y a aussi des questions que devront affronter les parents. Du genre : c’est vrai que ça repousse une aile de coccinelle ?
HG. On est parti sur des choses réelles. Le jet vert que la coccinelle envoie à la mouche, c’est un répulsif qu’elle secrète et dont elle se sert pour se défendre. Mais l’aile, on a un peu forcé la nature, c’est la licence poétique. Cela voulait dire symboliquement, qu’elle retrouvait son autonomie. C’est l’aspect mythologique du film, grâce aux fourmis, elle trouve une famille d’adoption. C’est une vision décalée de ce qui existe en vrai. D’ailleurs, beaucoup de profs utilisent "Minuscule" pour parler des insectes, comme base de discussion, mais on n’a jamais eu de prétention "scientifique".
Avez-vous une ambition au-delà du divertissement ?
HG. On a grandi à la campagne tous les deux, on a essayé de transmettre notre attachement à la nature. Cela a déterminé nos choix. Ce n’est pas une série hystérique mais plutôt poétique. Après, on peut y voir une sensibilité écologique. Le tournage a le label écologique, ça veut dire qu’on a regroupé les lieux pour ne pas faire trop de trajets, que pour l’éclairage on s’est servi du soleil plutôt que des groupes électros. La lumière plus jolie. S’il y a un message, c’est : ne mangez pas du sucre.
Après Nemo, tous les enfants voulaient un poisson. Craignez-vous une fourmi-mania ?
Il existe des milliards de fourmis sur terre et on ne s’attache pas à une fourmi comme à un poisson. Mais ce qui nous a vraiment fait plaisir avec la série, c’est lorsque des parents venaient nous dire : "Depuis que notre enfant regarde "Minuscule", il a moins peur des araignées. Je ne sais si le long métrage va provoquer cela, mais je n’aimerais pas qu’ils écrasent des fourmis rouges dès qu’ils en voient. Si la curiosité augmente, c’est formidable.
Le film est muet mai il est très sonore, le travail sur le son est épatant, l’autoroute des insectes est inoubliable.
TS. Ils ont les embouteillages, la pollution, le bruit, le stress; ils ont tout les insectes. Il y a une autre vie au-dessous de la nôtre et au-dessus aussi. Ils sont plus nombreux que nous, on vit chez eux, en fait. Il y a des villes d’insectes, ils ont leur vie à eux. Dans la série, on a développé les bruitages, les mouches ont un bruit de moto, par exemple. J’ai toujours adoré les sons design de Ben Burtt dans "Star Wars".
Le film s’exporte-t-il d’autant mieux qu’il n’a pas de langue ?
HG. A ce jour, il a été vendu dans 40 pays dont la Chine où il va être diffusé dans 1200 salles. On est très fier qu’il s’exporte là-bas car on s’est battu pour que le film ne soit pas réalisé en Asie. Comme la série, le film a été réalisé pour moitié en France à Angoulême et pour moitié en Belgique, à Liège, au Pôle Image qui s’est occupé de l’animation, de la modélisation. Un esprit belge s’est faufilé dans le film, mon grand-père était belge, il vivait à Bruxelles…
Pour en savoir plus, n'hésitez pas à aller faire un tour sur le site du film !