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Roman Polanski : "Offrir des fleurs à une femme devient indécent"

Publié le 26 mai 2013 dans Actu ciné

La compétition officielle s’est achevée cette année sur un grand éclat de rire. Grâce à une comédie, La Vénus à la fourrure, signée par un septuagénaire de génie, Roman Polanski.

 À travers l’adaptation théâtrale mouvementée d’un roman de Sacher-Masoch (dont le nom a donné naissance au mot masochisme), il livre des analyses au vitriol de la création artistique et des passions amoureuses avec, en arrière-plan, des renvois évidents vers ses œuvres et sa propre existence.


“Ce n’est pas réfléchi, lance-t-il avec son sempiternel sourire en coin de garnement prêt à mener son monde en bateau. Comme on m’en parle beaucoup, cela me fait réfléchir. Un grand nombre de choses peuvent en effet être perçues comme des références à mes films. C’est bien ou pas ?” Épatant. Mais personne n’est dupe. Les parallélismes avec lui sont trop flagrants. Les deux rôles sont d’ailleurs tenus par sa femme, Emmanuelle Seigner, et Mathieu Amalric… qui lui ressemble étrangement. “C’était mon rêve de tourner un film avec seulement deux comédiens. Encore plus en français, ce que je n’avais jamais fait, car cela me permettait de tourner avec Emmanuelle, ce qui n’était plus arrivé depuis longtemps. À mon âge, ce sont les challenges qui motivent. À condition, bien évidemment, de ne pas ennuyer une seule seconde les spectateurs.” 


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Mêlant humour, domination et sensualité, La Vénus à la fourrure montre aussi un réalisateur qui tombe progressivement sous la coupe de sa comédienne. Ce qui a le don de le faire réagir en une fraction de seconde. “Moi, je domine les acteurs ! C’est exactement de ça que parle le film, de domination. Je soupçonne certains d’aimer ça… Mais en tout cas, jamais personne ne se plaint.”


Roman Polanski aime jouer au faux méchant. “Tu détruis ma réputation” lance-t-il au compositeur Alexandre Desplat en train de chanter ses louanges. Avant d’inciter à sa manière Emmanuelle Seigner à développer ses réponses : “Ils vont croire que tu es blonde !”. Tout ça pour mieux cacher d’autres facettes de sa personnalité. “Aujourd’hui, offrir des fleurs à une femme devient indécent. Voilà ce que je ressens. Je pense que le sida a tout changé dans les relations sexuelles. La peur l’emporte désormais. On chasse la romance de nos vies et c’est regrettable.” 


De regrets, il n’en a pas pour cette 66e édition. “Ma première expérience en compétition avec Le Locataire s’est révélée désastreuse. Et le film a ensuite été très mal reçu. Quand j’ai présenté Le Pianiste, on m’a demandé de revenir à Cannes le dimanche. J’ai demandé pourquoi ? Si c’est pour un prix de mise en scène, je suis dans ce métier depuis suffisamment longtemps pour savoir que je sais réaliser ! Quand j’ai appris que c’était la Palme d’or, cela m’a fait un grand effet. Je ne vais pas vous dire que je m’en moque, ce serait hypocrite. Si on vient à Cannes, il faut être sport et faire partie de la compétition.” 


Propos recueillis par Patrick Laurent, à Cannes

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