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Yolande préfère les frites

Publié le 25 mai 2013 dans Actu ciné

Nicolas Gilson, du site Un Grand Moment, nous livre sa chronique du Festival.

Lendemain de veille douloureux. Tandis que beaucoup se pressent à la projection de The Immigrant de James Gray, les draps me retiennent : le film – véritable purge selon les échos –, ce sera pour plus tard, demain ou dimanche.


La journée se met en place lentement. Entrevue avec la réalisatrice Chloé Robichaud autour de son premier film Sarah préfère la course présenté à Un Certain Regard. Arrivée dans le Salon de l’Ambassadeur où quelques silhouettes semblent perdues au loin dans ce vaste espace à la fois doux et criard, où l’immense tapis et ses couleurs contrastent avec l’habillage de l’espace dans des tons bleu et gris, et où la terrasse et sa vue semblent une invitation à la respiration et à l’évasion. Légère attente. Sophie Desmarais, tout dans le contrôle dans le film esquissant une fuite d’elle-même au point de s’effacer – ce que le rôle de Sarah demande –, est sublime et d’une délicate féminité. C’est pour elle comme pour l’équipe la troisième journée entièrement consacrée aux interviews. Le film a été présenté la veille et trois jours plus tôt, un jeu de calendrier peu commun. En short et blazer, Jean-Sébastien Courchesne qui lui donne la réplique dans le film, apparaît espiègle.


Belle et radieuse, la toute jeune réalisatrice enchaine les entretiens. Un salut franc et sympathique. Celle qui a présenté un court-métrage en compétition officielle l’an dernier est heureuse que son premier film, tourné dans la foulée, soit programmé en sélection officielle. C’est vrai qu’il y a pire dans la carrière d’un premier film – ou dans une carrière simplement. Depuis ses 17 ans, elle a enchaîné quelques 12 court-métrages, réalisé un long et prépare déjà la suivant. Son cinéma est sensible, tout comme elle.


Comme de coutume, ce second vendredi de festival, un Aïoli a été organisé. Traditionnel repas entre confrères, c’est l’occasion de se délecter de quelques bouteilles, de revenir sur les films et les potins de cette édition. C’est l’occasion aussi d’aller observer le Jury au grand complet qui déjeune à un table isolée, protégée par des barrières. On ne se prête pas au jeu et on ignore donc si Nicole Kidman apprécie le fenouil ou la sauce à l’ail. Dommage.


La marché du film se vide et devient ville fantôme. La clôture se dessine plus avant. Dernier plateau de l’émission 50 Degrés Nord où je suis convié en tant que membre du jury de la Queer Palm. A une heure des délibérations, nous avons avec Daniel Dreifuss (le producteur de NO) quatre minutes pour répondre à quelques questions que nous aurions pu deviner. S’il se plaint du vent dans ses cheveux, je critique – une fois n’est pas coutume – le soleil dans mes yeux. Après un achat de billet de train surréaliste – le producteur se rendant à Barcelone après le festival avant de repartir à LA –, nous rejoignons les autres membres du jury et son président pour débattre à couteaux tirés des films « short listés » que nous avons découverts. Au fil d’un repas où un tartare de boeuf fait regretter un bon américain-frites (car on ne peut pas qualifier de telles les patates molles accompagnant les miettes de viande crue), le lauréat, qui divise, est désigné. Il sera dévoilé ce samedi.


Ce soir, tandis que nous débattons, la Quinzaine de Réalisateur se referme avec la présentation du film Henri de Yolande Moreau. Il s’agit d’une coproduction belge, le carton pour la soirée (sésame en ma possession) présente dès lors un cornet de frites… et un fritkot apparaît sur la croisette afin de remplir bien des estomacs. Enfin des frites correctes !


Nicolas Gilson, à Cannes



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