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La Palme 2013 sera-t-elle du "Passé" ?

Publié le 26 mai 2013 dans Actu ciné

Quels films vont émerger des vingt oeuvres présentées en Compétition ?

A président exceptionnel, sélection exceptionnelle. Thierry Frémaux ne s’est pas moqué de Steven Spielberg et de ses jurés qui ont vécu dix jours de cinéma intense. Le patron de Dreamworks a pu constater sur l’écran de Cannes que le film d’auteur se porte bien. Et pas seulement le français, l’américain aussi. Payne, Soderbergh, Jarmusch et les Coen ont signé des films épatants, seul James Gray a déçu. Le revers de la médaille, c’est que le travail du jury qui a commencé dimanche matin à 9 heures va être difficile et douloureux car le palmarès sera injuste, des films seront absents alors qu’ils en étaient dignes.

 

Plusieurs réalisateurs peuvent rêver de la Palme jusque dimanche soir. A commencer par Abdellatif Kechiche. Sa Vie d’Adèle fut le choc de cette 66ème édition, tout le monde parle de sa façon inouïe de mettre la vie sur l’écran, de balancer des blocs d’émotion à la figure des spectateurs. Hier, si on écoutait la Croisette, le réalisateur de L’Esquive repartirait sans faute avec le trophée. Il a d'ailleurs obtenu le score exceptionnel de 3,6 au tableau international des étoiles, du jamais vu.


Mais on se souviendra que vendredi dernier, la Palme était acquise au Passé (2,8) de Farhadi, dimanche dernier proposée aux Coen pour Inside Llewyn Davis (3,3). Et depuis mardi, La Grande Bellezza (2,8) cette promenade existentielle dans Rome par Paolo Sorrentino est gravée dans les mémoires.


Aux jurés réunis dans une villa secrète, Gilles Jacob et Thierry Frémaux ne manqueront pas de rappeler que la Palme d’or doit non seulement cumuler les qualités (scénario, mise en scène, interprétation), elle doit aussi disposer d’un potentiel public. Si le jury ne fait pas la sourde oreille, ce qui arrive n’est-ce pas Oncle Boomee ? Le Passé, ce thriller familial colle à la définition, au plus près. Avec ses scènes de sexe frontales , La vie d'Adèle est sans doute trop osé. Le grand prix du jury, la médaille d’argent, lui conviendrait mieux, car il est censé récompenser une œuvre plus formelle, voire expérimentale.


Le Prix de la mise en scène est taillé sur les mesures de La Grande Bellezza de Sorrentino, le prix du jury devrait saluer A touch of sin, la fresque de grande ampleur de Jia Zhangke en prise avec la Chine contemporaine. Et le prix scénario pointerait la patte (du chat) des Coen. Le prix de d’interprétation féminine devrait être partagé, ex aequo, entre Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos, ce qui pourrait coûter son grand prix à Kechiche dans le petit jeu tordu des prix communicants. Mais Emmanuelle Seigner est bluffante dans La Vénus à la fourrure de Polanski.


En revanche, le prix d’interprétation masculine est aussi disputé que la Palme d’or. Oscar Isaac le folksinger des Coen, Michael Douglas en Liberace, Matt Damon en amant de Liberace, Toni Servillo le mondain romain et Bruce Dern perdu dans le Nebraska  et Masaharu Fukuyama le père qui veut un fils à son image dans Tel père , tel fils de Kore-Eda méritent tous le prix d’interprétation.


Comment faire rentrer Le Passé, A Touch of Sin, Tel père, tel fils, Inside Llewyn Davis, Behind the Candelabra, La Grande Bellezza, Nebraska, La vie d'Adèle et La Vénus à la fourrure dans le palmarès? Comment faire entrer neuf films là où il n'existe que sept cases? Voila le défi auquel Spielberg et ses jurés sont confrontés.


Fernand Denis, à Cannes.

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