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Vu à Cannes : "The Lunchbox" de Ritesh Batra

Publié le 19 mai 2013 dans Actu ciné

Le réalisateur indien met en appétit la Semaine de la Critique avec The Lunchbox, romance autour d'un plateau repas. Subtil et réjouissant.

A Bombay, chaque jour des centaines de milliers de dabbawallahs (l'équivalent de nos tupperwears) sont livrés, service qui permet à la femme au foyer de fournir son salarié d'époux un repas chaud et fait maison. Ila (Nimrat Kaur) a mis tout son amour de le dabba de ce matin-là. Car elle sent que son mari s'éloigne d'elle. Saajan (Irrfan Khan, vu dans le récent L'Odyssée de Pi), comptable irréprochable et solitaire, lui, n'attend plus aucune surprise de son dabba. Mais son repas est exceptionnellement bon. Au retour du lunchbox l'après-midi, Ila est convaincue d'avoir satisfait son mari : il n'a pas laissé une miette. Pourquoi alors ne lui dit-il rien de retour à la maison ?


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Cuisiner un bon repas, c'est donner de l'amour. Précepte simple à partir duquel Ritesh Batra concocte lui-même un met savoureux. Loin de jouer la carte de l'exotisme ou de la couleur local – le réalisateur s'adresse d'abord à ses compatriotes – il offre dans un premier temps un récit ancré dans la réalité de Bombay. L'ouverture, qui décrit le cheminement de la lunchbox, vaut tous les documentaires sur le sujet.


Entre la relation par repas interposés qui se développe ensuite entre Ila et Saajan, c'est une réflexion sur la vie et le temps qui passe désormais trop vite, qui donne en arrière-goût sa saveur à ce film. Shaikh (Nawazuddin Siddiqui), l'apprenti velléitaire mais envahissant de Saajan est là autant pour humaniser un peu cet austère fonctionnaire que pour révéler une autre facette de la société indienne, où le struggle for life demeure affaire de classe sociale. Il y a aussi "Auntie" (Tantine) la voisine invisible d'Ila mais véritable personnage par voix (et panier suspendu) interposée.


De repas en repas, Ritesh Batra fait évoluer son récit, sans jamais lasser ni dans la mise en scène, ni dans son développement. Dans un cinéma commercial, tout cela prendrait rapidement une tournure formatée et prévisible. Mais Batra procède avec d'infinies subtilités qui le font sortir des sentiers battus.Il touche à universalité, notamment quant aux rapports humains, à l'individualisme engendré par les modes de vie modernes. Les voix off, lecture des échanges épistolaires entre Ila et Saajan, sont portés autant par l'expression corporelle des deux acteurs que par un montage joliment signifiant, comme lorsque par analogie, il révèle la complicité entre les protagonistes. On rit, on est ému, on verse une larme et on se met à aimer ses deux personnages qui retrouve chacun quelque chose de précieux : le goût... à la vie.


Alain Lorfèvre, à Cannes


Réalisation et scénario : Ritesh Batra. Avec Irrfan Khan, Nimrat Kaur, Nawazuddin Siddiqui,... 1h44  

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