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Vu à Cannes : "Tel père tel fils" de Hirokazu Kore-Eda
Publié le 18 mai 2013 dans Actu ciné
C'est l'idée fixe de Toto le héros, le cauchemar du Fils de l'autre ; au Japon aussi La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Mais c'est un beau sujet pour Hirokazu Kore-Eda, le réalisateur de Nobody knows, l'histoire des quatre enfants (5 à 12 ans) abandonnés par leur maman, livrés à eux-mêmes durant des mois. Le cinéaste avait tiré de ce fait divers un film à hauteur d’enfants, une œuvre où la gravité cohabitait avec l’insouciance, le drame avec la poésie, la monotonie avec la tendresse dans une vision de la famille, vue depuis la fratrie.
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« C'était donc cela », s'exclame le papa du petit Keida qui s'étonnait d'avoir un fils pas du tout battant comme lui. « C'était donc cela », il n'était pas de son sang. Comme sa femme, il est évidemment ébranlé par la révélation de l'inversion des bébés à la maternité, voici six ans. Ebranlé, mais aussi rassuré, Keida n'est pas son fils biologique, il est normal qu'il ne lui ressemble pas. Il est vrai que les deux familles ne se ressemblent pas non plus. Ce ne sont pas les Le Quesnoy et les Groseille, c'est un architecte de compétition totalement consacré à sa carrière d'un côté et de l'autre , un petit commerçant dont la ligne de conduite est de reporter au lendemain tout ce qui possible de faire aujourd'hui, tant il préfère jouer avec ses petits.
La situation est tout de même très caricaturale et en dépit de son immense talent, le réalisateur nippon ne parviendra pas à la sublimer. Peut-être même , ne le veut-il pas, comme si ses intentions étaient plus pédagogiques, comme s'il s'agissait de distribuer un message clair à ses compatriotes: les enfants ne sont pas des robots - rien ne peut remplacer un papa ou une maman (peu importe qu'ils soient biologiques) - la seule chose que les parents doivent donner à leurs enfants, c'est du temps.
On retrouve dans ce film tous les thèmes, les caractéristiques, les figures de style, la sensibilité du cinéma du réalisateur de Still Walking et de I Wish. A l'exception de sa subtilité.
Fernand Denis, à Cannes