Actualités

Vu à Cannes : Jimmy P. (Psychothérapie d'un indien des plaines) d'Arnaud Desplechin

Publié le 18 mai 2013 dans Actu ciné

Le nouveau film du réalisateur français a été présenté samedi en compétition cannoise. 

Blessé au crâne en France durant la deuxième guerre mondiale, Jimmy P. vit dans le ranch de sa sœur. Le grand gaillard souffre de violents maux de tête, tellement insoutenables qu'elle l'emmène au grand hôpital militaire du Texas. La batterie d'examens livre son diagnostic: l'homme est en bonne santé... ce qui n'est visiblement pas le cas. Le psychologue émet alors une hypothèse d'une étonnante humilité: c'est un indien et certaines choses nous échappent peut-être. Et de faire appel à un anthropologue français versé dans la psychanalyse. Comme le promet le titre, le film raconte cette thérapie à la fois conventionnelle et singulière.


On l'imagine tout d'abord originale à cause de cette dimension anthropologique mais on se rend compte assez rapidement que celle-ci ne sert qu'à faire apparaître un courant de sympathie et à le faire circuler entre le patient et le thérapeute. En revanche, le fait que ce dernier soit étranger est sans doute essentiel à sa réussite. Que les Américains soient bienveillants ou méprisants, il existera toujours un contentieux et des clichés entre eux les "native". En somme, il en va de même pour le film.qui aborde ce thriller psychologique aux racines étasuniennes d'une façon délibérément non hollywoodienne. Car on voit très bien dans un film de studio, quelles scènes auraient donné lieu à un climax, quelle direction d'acteur aurait conduit Benicio Del Toro aux oscars.


Lire aussi : notre entretien avec Benicio Del Toro 


Arnaud Desplechin, lui non plus, n'a pas son diplôme de cinéaste américain, alors il travaille à sa manière, enfin pas à sa manière de cinéaste français un peu prise de tête, mais comme un cinéaste étranger, avec un mélange de respect et personnalité, comme son professeur Devereux. Son film avance à un faux rythme. Il se concentre autant sur le patient que sur le docteur montrant que l'un a besoin de l'autre autant que l'autre a besoin de l'un. Le récit s'aventure sur des chemins de traverse, des digressions sentimentales, des paysages américains qu'on ne cherche pas à sublimer. Mathieu Amalric joue son personnage avec son naturel espiègle alors que Benicio del Toro incarne un alcoolique d'une étonnante sobriété.


Cela donne a ce film au sujet classique, à la progression linéaire , une personnalité singulière, esquissant de thèmes parallèles, la religion par exemple, a ceux directement liées aux blessures de l'âme.


Fernand Denis, à Cannes

Réalisation : Arnaud Desplechin. Scénario : Arnaud Desplechin, Julie Peyr, Kent Jones. Avec : Benicio Del Toro, Mathieu Amalric, Gina McKee... 1h56

Avis des internautes du film

Vous devez être connecté pour ajouter une critique Créez un compte
Soyez le premier à publier une critique

Suivez Cinebel