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Vu à Cannes : "Suzanne" de Katell Quillévéré
Publié le 18 mai 2013 dans Actu ciné
Un prénom pour titre, qui est invitation à suivre le destin d'une jeune femme incarnée par Sara Forestier. Fille-mère, d'abord, qui au début du récit apprend à son père veuf (François Damiens, émouvant) qu'elle est enceinte de trois mois – on ne saura jamais qui est le père.
A partir de là, la réalisatrice va nous conter les quelque vingt années suivantes, dans une succession d'ellipses, dont on taira les ressorts pour ne pas gâcher les surprises. Beau parti d'une fresque intime, centrée sur le (presque) parcours ordinaire d'une jeune femme sans doute déboussolée par la disparition de sa mère et emportée dans une passion qui la fera se perdre, s'égarer avant de retrouver ce que l'on peut espérer être une famille – aussi cabossée soit-elle.
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Le film – même s'il aurait été autre - aurait aussi pu s'intituler Maria (Adèle Haenel, habituée des sections parallèles cannoises), tant la soeur de Suzanne joue un rôle déterminant dans ce film. On les découvre fusionnelles, mais l'une est plus structurée que l'autre et s'avèrera un point d'équilibre familial.
A cet égard, l'un des plus beaux accomplissements de Suzanne est l'alchimie qui sopère entre Sara Forestier et Adèle Haenel. Ces deux-là, en soeurs, on y croit. Les comédiennes ont réussi à se créer un petit quelque chose en commun, au-delà de leur blondeur. La première reste dans le naturel et l'énergie qu'on lui connait depuis L'Esquive (2003). La seconde, métamorphosée en cagole marseillaise, confirme un talent repéré dès La naissance des pieuvres (2007), présenté à l'époque en section Un Certain Regard.
Alain Lorfèvre, à Cannes
Réalisation : Katell Quillévéré. Scénario : Katell Quillévéré, Mariette Désert. Avec : Sara Forestier, Adèle Haenel, François Damiens, Paul Hamy,... 1h30