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Les rêves ambitieux de Leonardo DiCaprio

Publié le 16 mai 2013 dans Actu ciné

Pour lui, Gatsby le magnifique n’est pas une histoire d’amour mais une tragédie américaine

Il y a des signes qui ne trompent pas. Et donnent toute la mesure de l’événement qui se prépare. Une heure et demie avant le début de la conférence de presse de Leonardo DiCaprio pour Gatbsy le magnifique, une grosse centaine de journalistes faisait déjà la file devant la salle transformée en saint des saints. Et le même nombre de photographes campait le long des cordons de sécurité pour avoir la certitude d’immortaliser la venue de l’acteur sex-symbol.


Habitué à une telle folie et autant de cris d’hystérie sur son passage, le roi Leo a fait son apparition d’un pas lent, impérial. Un sourire à gauche, un autre à droite, la coupe impeccable et la barbichette qui lui donne un petit quelque chose d'aristocratique, il s’amuse manifestement de la situation. 


Profil aristocratique


Pour un peu, il paraîtrait presque blasé, ou alors flegmatiquement british. Apparence on ne peut plus trompeuse. Dès que le moulin à paroles Baz Luhrmann lui laisse la possibilité de parler, Leonardo DiCaprio, qui a bien compris que les possibilités seraient restreintes avec un tel bavard à ses côtés, répond longuement aux questions. Et avec un plaisir évident.


« Cela fait 20 ans que je connais Baz, explique-t-il. Roméo + Juliette a représenté un travail condensé, intense, fantastique. Baz inspire tout le monde sur un plateau, il pousse à sortir le meilleur de soi mais aussi à avoir des rêves ambitieux. On a l’impression de participer à quelque chose de particulier avec lui. Il n’a pas peur d’adapter une histoire classique tout en restant très attentif à l’essence même de l’oeuvre pour en extraire la vérité.”


Refaçonner Gatsby


Dans le cas présent, il s’agissait surtout de faire ressortir les aspects les plus modernes de l’oeuvre de F. Scott Fitzgerald, comme les abus de richesse annonciateurs de la crise économique. “Aux USA, tout le monde a lu Gatsby le magnifique à l’école entre la 3e et la 6e. Il m’avait fasciné mais pas de manière aussi profonde que ce que Fitzgerald voulait transmettre. On en parle encore 90 ans après, en interprétant chaque symbole. C’est un chemin sans fin.”


Sur lequel il s’est promené avec délectation. Avec un souci du détail assez étonnant. “Nous avons refaçonné le personnage pour le rendre plus actuel. Et surtout, nous avons fait en sorte que Gatsby le magnifique ne soit pas seulement une histoire d’amour mais devienne une tragédie américaine à une époque où tout paraissait possible. Tout le monde pouvait devenir Rockfeller. Mais au fil du parcours, on perd son identité. Quand Daisy se retrouve dans les bras de Gatsby, Nick décrit ce qu’il voit. C’est émouvant. Quand on pense à quelqu’un qui embrasse enfin la femme de ses rêves, même si elle est en fait un mirage, c’est forcément touchant. Partir de l’oeuvre de quelqu’un qui écrit aussi bien, c’est un travail d’adaptation fascinant. Mais on pourrait en parler pendant des années.”


Il ne le fera pas. Et n’évoquera que du bout des lèvres de prochaines collaborations. “Il faut des années à Baz pour décider d’un projet. On discute souvent d’idées qui n’aboutissent jamais.”


Patrick Laurent

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