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Une ère nouvelle pour la Mostra de Venise

Publié le 29 août 2012 dans Festivals

A 80 ans, la Mostra s’offre un nouveau directeur et une nouvelle ligne conductrice. Ouverture ce mercredi soir avec “L’intégriste malgré lui” de l’Indienne Mira Nair. Présentation
Créée en 1932, la Mostra de Venise en est à sa 69e édition. Et cette année, il y a du changement dans l’air. Après deux mandats, le directeur artistique Marco Müller, en poste depuis 2004 et qui a permis à la Mostra de regagner du terrain sur la scène internationale, n’a pas été reconduit. Trahison suprême, il a même rejoint, en mars dernier, le camp ennemi en prenant la tête de la Roma Cinema Fest, festival concurrent de Venise. Pour lui succéder, on a été chercher un revenant, Alberto Barbera. Jusqu’ici directeur de l’importante Cinémathèque de Turin, l’Italien a en effet déjà dirigé la Mostra de Venise de 1998 à 2002. S’il bénéficiait du soutien des milieux cinématographiques, il ne plaisait pas au pouvoir berlusconiste d’alors. C’est en effet sur injonction du ministre de la Culture de l’époque (et cofondateur de Forza Italia) Giuliano Urbani qu’il a dû faire ses bagages

Si le régime politique a changé en Italie, Venise ne peut pas rêver pour autant à des lendemains qui chantent. Le projet de nouveau Palais des festivals est toujours enterré. Même si, entamés il y a plusieurs années, les travaux ont déjà englouti quelques millions d’euros On s’est donc contenté de restaurer la belle Sala Grande de l’ancien Palazzo del cinema, construit en 1937. "Cette année, la zone d’accès du Palais a été refaite totalement. Il y a un projet concret qui, sur trois ans, va permettre de renouveler totalement les structures disponibles sur le Lido", s’est néanmoins réjoui Alberto Barbera dans un entretien à l’AFP.

Au regard de sa première Sélection officielle, on sent bien chez Barbera l’envie de rompre avec son prédécesseur, de remettre l’accent sur le cinéma d’auteur et de replonger la Mostra dans le réel en la confrontant à la marche du monde. Avec, notamment, pas mal de films, fictions et documentaires, venus ou traitant du Proche et du Moyen Orient. Le festival ne peut cependant pas pour autant se passer de vedettes sur son tapis rouge s’il veut continuer à rivaliser avec Cannes, Berlin, Toronto ou Locarno. "Il y aura beaucoup de stars cette année sur le Lido, explique M. Barbera. Il suffit de parcourir les castings des films sélectionnés : de Ben Affleck à Javier Bardem en passant par Gérard Depardieu, Zac Efron, Shia Labeouf, John Malkovich et Robert Redford, qui viendra à Venise pour la première fois." "Côté femmes, Claudia Cardinale, Cécile de France, Selena Gomez, Vanessa Hudgens, Kate Hudson, Isabelle Huppert, Jeanne Moreau, Marisa Paredes, Winona Ryder, Emmanuelle Seigner", énumère-t-il, tout en mettant l’accent sur le nombre de réalisatrices présentes. Une façon de tacler la dernière édition du Festival de Cannes, où elles brillaient par leur absence...

Ce soir, c’est d’ailleurs une cinéaste qui ouvrira les festivités. L’Indienne Mira Nair ("Salaam Bombay !", "Vanity Fair") présentera en effet en Ouverture, mais hors Compétition, le thriller politique "The Reluctant Fundamentalist" ("L’intégriste malgré lui"), avec Kiefer Sutherland et Kate Hudson.

Durant dix jours, quelque 18 films seront soumis eu jugement de l’Américain Michael Mann et de son jury, où l’on retrouve la comédienne française Laetitia Casta, le réalisateur italien Matteo Garrone ou encore l’actrice britannique Samantha Morton. Parmi les prétendants au Lion d’or, on retrouve quelques poids lourds du cinéma d’auteur international comme les Américains Paul Thomas Anderson ("The Master", avec Philip Seymour Hoffman et Joaquin Phoenix), Terrence Malick ("To the Wonder", avec Ben Affleck, Rachel Weisz et Javier Bardem) et Brian de Palma ("Passion", remake de "Crime d’amour" d’Alain Corneau avec Rachel McAdams et Noomi Rapace). Le Coréen Kim Ki-duk ("Pieta") et le Japonais Takeshi Kitano ("Outrage Beyond") sont également en lice. Tandis que le Vieux continent sera représenté par les Français Olivier Assayas ("Après mai") et Xavier Giannoli ("Superstar", sorti en salles cette semaine), l’Italien Marco Bellocchio ("La Belle au bois dormant") ou sa compatriote Francesca Comencini ("Un giorno speciale"). Sans oublier l’Autrichien Ulrich Seidl et son "Paradise : Faith", suite de "Paradise : Love", qui avait fait forte impression à Cannes en mai dernier.

A côté de ces grands noms, Alberto Barbera donne également sa chance à des habitués des festivals comme Peter Brosens et Jessica Woodworth ("La cinquième saison") ou le Philippin Brillante Mendoza ("Thy Bomb"). Mais la surprise viendra peut-être de cinéastes moins connus, comme l’Américain d’origine iranienne Ramin Bahrani ("At Any Price"), le Russe Kirill Serebrennikov ("Izmena"), l’Américain Harmony Korine ("Spring Breakers), l’Italien Daniele Ciprì ("E stato il figlio") ou la Chilienne Valeria Sarmiento. Qui, après la mort de son mari Raoul Ruiz, a repris "Linhas de Wellington".

Si elle est sans conteste alléchante, cette sélection manque peut-être un peu d’audace, ne proposant ni premiers films, ni animation, ni documentaires. Ces derniers, on les retrouve hors Compétition avec Spike Lee et son "Bad 25" (sur Michael Jackson), Jonathan Demme et "Enzo Avitabile Music Life" (sur un chanteur italien) ou Simon Brook, dont "Sur un fil" explore le travail de son père Peter Brook. En marge de la Compétition, on découvrira également les nouveaux films de Robert Redford ("The Company You Keep"), Susanne Bier ("Love is All You Need"), Pascal Bonitzer ("Cherchez Hortense"), Amos Gitai ("Lullaby to my Father") ou encore de l’increvable Manoel de Oliveira ("O Gebo e a sombra"). Tandis que Jean-Pierre Améris clôturera cette 69e Mostra, le samedi 8 septembre, avec "L’homme qui rit", emmené par Gérard Depardieu et Emmanuelle Seigner.


►Voir aussi : Quatre films belges au 69e Festival international du film de Venise


Hubert Heyrendt

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