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Le plus beau tapis du monde

Publié le 16 mai 2012 dans Actu ciné

Sous le regard de Marilyn Monroe, cette 65e édition du Festival de Cannes restera “glamour”. Générique non exhaustif des montées des marches au programme.
Pas de Festival de Cannes sans tapis rouge : il mesure 60 mètres, du bord du trottoir du boulevard de la Croisette au sommet de la 24e des célèbres marches du Palais des festivals. Le pluriel devrait d’ailleurs être de mise, car la fameuse moquette est changée avant chaque projection des films en compétition ou hors compétition, soit en moyenne trois fois par jour. Ceci afin de conserver son éclat pour toutes les stars.

Celles-ci sont la face visible de Cannes, au point qu’on se demande parfois si certains films ne sont pas sélectionnés uniquement pour garantir la présence d’un casting prestigieux, déjanté ou purement "pipole", à même de maintenir la température médiatique au sommet. Cannes a chaque année son lot de célébrités du show-bizz, de la scène musicale et autres "has been" ou "wanna be". D’aucuns guetteront cette année encore Lady Gaga, Claire Chazal ou Johnny sur les marches. Et - qui sait ? - Carla y emmènera peut-être son Nicolas de mari, redevenu un Français presque "comme les autres", y retrouver un peu de bling-bling.

La composition du jury du Festival de Cannes résume ce mélange des genres. Aux côtés de Nanni Moretti, président qu’on imagine tout sauf conciliant, on trouve, pour la caution artistique, le réalisateur américain Alexander Payne, le réalisateur haïtien Raoul Peck et la réalisatrice britannique Andrea Arnold.

La dimension glamour sera assurée par Ewan McGregor ainsi que Diane Kruger, Emmanuelle Devos et Hiam Abbass auxquelles Jean-Paul Gaultier - il faut toujours un outsider - prêtera peut-être quelques tenues

Tilda Swinton est trop futée pour se laisser abuser par l’éphémère gloire d’une montée des marches, mais gageons qu’elle y sera une fois de plus impériale et élégante lors du gala d’ouverture, ce 16 mai, à l’occasion de la projection de "Moonrise Kingdom" de Wes Anderson. Sans doute y croit-elle un peu plus : "ze" star frenchie Marion Cotillard ouvrira le bal jeudi au bras de la gloire flamande montante Matthias Schoenaerts. Et la température continuera de monter samedi avec Jessica Chastain, Mia Wasikowska, Guy Pearce, Shia laBeouf et même Nick Cave (ici comme scénariste) pour "Lawless" de John Hillcoat.

Celle dont l’étoile a un peu pâli ces dernières années, c’est Nicole Kidman. Neuf ans après "Dogville" de Lars von Trier, fera-t-elle encore hurler les foules ? Réponse le 24 mai avec "The Paperboy" de Lee Daniels, en compétition. A ses côtés, Zac Efron se disputera les midinettes avec Robert Pattinson, qui sera là le lendemain pour casser son image de vampire falot dans "Cosmopolis" de David Cronenberg. La grande question étant de savoir si les responsables du protocole cannois lui ont préparé une petite montée des marches en compagnie de Kristen Stewart, sa partenaire de "Twilight", qui sera passée en compétition, le 23 mai, avec "Sur la route" de Walter Salles.

Kylie Minogue, elle, a souvent arpenté les marches en pipole de passage. Mais cette année, elle a une vraie raison cinématographique de le faire, puisqu’elle est à l’affiche de "Holy Motors" de Leos Carax - et en compétition, s’il vous plaît. Thierry Frémaux a aussi imposé le caractère plus rock’n roll - au propre et au figuré - des séances de minuit. Pete Doherty le maintiendra, en venant défendre "Confession d’un enfant du siècle" de Sylvie Verheyde. Et Gageons que le "Dracula 3D" de Dario Argento mettra de l’ambiance lui aussi, à défaut de ravir la critique. A l’occasion des "Cannes Classics" et de la projection de la version restaurée de "Tess" (1979), Roman Polanski sortira de sa retraite suisse et montera les marches le 21 mai en compagnie de la star de son film, Nastassja Kinski.

Il y a aussi ceux qui viennent pour leur propre gloire, comme Bernard-Henri Lévy, avec son documentaire devant l’Histoire, "Le Serment de Tobrouk", sur la guerre en Libye et son engagement aux côtés des rebelles. Plus modestement, Jeremy Irons, vraie star de cinéma, viendra promouvoir "Trashed", documentaire de Candida Brady sur les déchets auquel il apporte sa notoriété. Il se réjouira certainement d’apprendre que les tapis rouges du festival sont recyclés. Mais sait-il que ceux-ci cachent 1 200 tonnes de détritus supplémentaires ? Ils sont produits en dix jours seulement par les quelque 130 000 festivaliers et curieux qui triplent la population cannoise le temps de l’événement.

Mais la plus grande et la première star de cette édition sera à la fois absente et omniprésente, immortelle jour après jour, séance après séance, sur l’affiche officielle : Marilyn Monroe y souffle la bougie de cette 65e édition. Revanche posthume pour celle qui ne vint jamais sur la Croisette. Et note d’espoir pour tou(te)s les recalé(e)s de la moquette.



Alain Lorfèvre, envoyé spécial à Cannes de La Libre Belgique

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