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Premiers pas derrière la caméra pour la Suédoise Pernilla August : entretien

Publié le 30 novembre 2011 dans Cinéphiles

L’ex-femme de Bille August et ancienne comédienne d’Ingmar Bergman signe avec "Beyond" un premier film douloureux sur une enfance bafouée.
Présente à Venise en août 2010 avec son actrice Noomi Rapace, la Suédoise Pernilla August a séduit avec son 1er essai, décrochant au Lido le Prix de la critique à la Semaine de la critique. Si "Beyond" est un premier film, son auteur est loin d’être une inconnue. Pernilla August est, en effet, une comédienne reconnue. Notamment pour son travail sur les planches (elle a joué Ibsen, Strindberg...) et sa longue collaboration avec Ingmar Bergman. Qui l’a révélée dans "Fanny et Alexandre" en 1982, avant de l’imposer dans "Les meilleures intentions" (Palme d’or 1992), dont elle épousera le réalisateur Bille August. Depuis, on l’a vue notamment dans la seconde trilogie "Star Wars", où elle interprète la mère d’Anakin Skywalker, ou dans "Dina" d’Ole Bornedal.


Pourquoi avoir choisi un sujet aussi douloureux pour votre premier long métrage ?
Je me le demandais moi-même en écrivant le scénario Mais, dès le début, je sentais que c’était une histoire qui devait être racontée. C’est important de parler des enfants qui vivent dans cette situation, dans une famille dysfonctionnelle, avec des problèmes d’alcool. On a commencé par écrire le script en se basant sur le livre. Mais je me suis rendu compte que cela se transformait en un film pour enfants ou ados, parce que cela ne parle que de la petite fille. J’ai commencé à rêver à ce qu’elle pouvait être devenue aujourd’hui. Qu’arrive-t-il quand on a eu une enfance comme celle-là ? L’a-t-elle dit à son mari ? J’ai vraiment été soutenue en ce sens par Susanna Alakoski, l’auteur du livre. Elle m’a simplement dit que je devais inventer l’histoire que je voulais raconter. On a alors commencé à écrire le script sur deux niveaux. Pour moi, c’était plus intéressant, car je pouvais mieux ressentir la psychologie. Et c’est cela qui m’intéressait. Car c’est aussi ce qui m’a poussée à devenir actrice...

Le film est très dur, mais il y a quand même une lumière à la fin…
C’était primordial, car c’est l’essence du livre. On peut y voir que cette gamine va survivre. Je ne sais pas pourquoi, ni comment, mais elle va survivre parce qu’elle a une telle force C’était intuitif : il doit y avoir de l’espoir.

Ces dernières années, le cinéma scandinave donne une image très dure de la famille…
Je ne m’en étais pas rendu compte En Suède avec Bergman, c’est évident. Tout ce que je peux dire, c’est que ça m’intéresse. Et qu’on a une longue tradition, avec Ibsen, Strindberg Mais je pense que des enfants vivant une telle vie existent partout.

Quelle est la part autobiographique ?
Je n’ai pas du tout eu une telle enfance. Mais quand on joue, on ajoute toujours une petite chose de soi. Mon imagination et mon émotivité sont mes outils. Votre vécu est toujours quelque chose sur lequel vous pouvez vous reposer. Il s’agit d’une démarche émotionnelle. En tant que réalisatrice, je peux me projeter sous différents angles dans tous les personnages. C’est différent, car en tant qu’acteur, vous n’avez qu’un angle.

Jouer et réaliser relève-t-il du même processus pour vous ?
Non, c’est totalement différent. En tant qu’actrice, je cherche toujours à suivre mon intuition, à m’ouvrir, à être sensible. Suivre mon instinct a été la chose la plus importante dans ma vie. Mais, en tant que réalisatrice, je devais aussi utiliser avec mon cerveau pour prendre des décisions pratiques. C’était vraiment intéressant de travailler avec ces deux aspects. J’aime cette simultanéité dans la réalisation. Il faut faire ça et ça, penser à tel détail J’ai vraiment découvert que réaliser est tout, sauf simple. J’ai un respect immense pour la réalisation et l’écriture du scénario. J’adorerais recommencer, mais il me faudrait une histoire importante, parce que faire un film est un sacrifice, cela prend deux ans et demi de votre vie...

Comme actrice, vous avez travaillé avec de grands réalisateurs. Quelle a été leur influence sur ce film ?
C’est difficile d’être précise. Un jour, Bergman s’est penché sur mon épaule et m’a dit : "Pas de compromis avec ton intuition !" Et je me disais : "O.K., pas de compromis, pas de compromis !" Un autre jour, sur mon autre épaule, Bo Widerberg m’expliquait comment travailler avec les enfants, comment trouver les moments de vérité avec eux. Il était si bon pour cela. C’est plus comme s’ils étaient avec moi tout le temps. Mais j’ai aussi adoré travailler avec le réalisateur danois Per Fly.


A Venise, Hubert Heyrendt

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