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Marina Foïs: "La perversité rend dingue" - Interview

Publié le 20 octobre 2011 dans Actu ciné

Marina Foïs campe une policière très humaine dans "Polisse", le nouveau film de son amie Maïwenn.
À l’écran, dans Polisse, Marina Foïs incarne une policière très sûre d’elle, un peu donneuse de leçons, obnubilée par son poids et les échecs de sa vie privée. Un vrai rôle de composition pour la blonde rigolote peu soucieuse des apparences et vraiment pas adepte de la langue de bois.

J’ai participé à tous les films de Maïwenn. Je pense même être la seule. Et j’espère participer à son prochain. Mais je ne trouve pas normal qu’on me propose un rôle. C’est exceptionnel : il n’y a pas de contrat. Les réalisateurs ont besoin de certaines personnes et pas d’autres. C’est du travail. Si elle ne me choisit pas pour sa prochaine histoire, je ne lui en voudrai jamais. Rien ne m’est dû.

Vous savez dire non ?
C’est plus difficile que de dire oui. Mais on raconte aussi qui on est en disant non. Donc, peut-être qu’un jour je dirai non à Maïwenn. D’ailleurs, je l’ai déjà fait. Je ne voulais pas me montrer nue sur l’affiche du Bal des actrices. En rigolant, je dis que si je ne suis pas dans son quatrième film, je la tue, mais c’est pour montrer mon envie de tourner avec elle.

Comme vous êtes amies, elle obtient plus de vous ?
Depardieu dit toujours : Je n’ai pas de talent si ce n’est celui d’être disponible. C’est une phrase lumineuse. C’est là-dessus qu’il faut travailler. Avec Maïwenn, comme je suis très en confiance, je lui laisse faire son marché. C’est un pillage consenti.

Vous cassez votre image avec vos derniers films. C’est facile ?
Le seul moment où j’ai trouvé mon métier difficile, c’est quand le metteur en scène n’en était pas un. Il y a des scènes plus difficiles que d’autres, mais pas celles qu’on croit. Ce n’est pas quand on doit enterrer sa mère ou faire une scène d’amour avec un inconnu. Ça, c’est dur sur papier. Souvent, les scènes les plus banales sont plus compliquées. Quand elles sont intenses, on n’a pas d’autre choix que de plonger. Sur 8 semaines de tournage, il y a toujours un jour ou deux où je suis absente à moi-même, comme si mon corps n’était pas là.

Vous jouez alors en pilote automatique ?
Dans Happy few, il y avait une scène d’engueulade. Roschdy Zem et moi, on n’arrêtait pas de rire. Le metteur en scène est pourtant parvenu à tirer ce qu’il voulait, malgré nous. C’est très mystérieux le cinéma. Quand on veut trop comprendre, on bute, on s’éloigne de la vérité, de l’animalité. Maïwenn est très forte pour filmer le pulsionnel. Je crois donc qu’il faut savoir oublier son cerveau dans sa loge.

Le sujet, lui, prend aux tripes.
C’est effrayant pour les parents car c’est un film sur l’impuissance. Ce constat est terrifiant. Ce qui m’a le plus troublée, bizarrement, ce sont les images de rentrée scolaire. On sait qu’on aime les enfants et là, on les lâche… Le monde des enfants et des adultes a tellement de mal à communiquer. C’est vraiment un film sur l’impuissance. On a beau le savoir, on continue à garder l’espoir d’arriver à les protéger. Moi, je n’aime pas la naïveté. On a envie que les gentils soient gentils et les méchants méchants, mais c’est beaucoup plus compliqué.

Quelle scène vous a le plus touchée ?
Celle où le père bourgeois ne montre aucun remords. Ou celle avec le grand-père qui reconnaît avoir caressé sa petite-fille sans se sentir coupable. La perversité rend dingue.


A Cannes, Patrick Laurent

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