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La guerre des Guerres des boutons : pas si drôle de guerre

Publié le 14 septembre 2011 dans Actu ciné

Guerre des boutons, d’ego et de pognon. Gare aux dégâts collatéraux.
Pourquoi deux "Guerres des boutons" en 2011 ? Parce que les droits du roman de Louis Pergaud sont tombés dans le domaine public en septembre 2010. Quelques mois plus tôt, lors du Festival de Cannes, le producteur Marc du Pontavice avait annoncé la mise en chantier d’une nouvelle adaptation par Yann Samuell. Le producteur affirme avoir eu l’idée, en décembre 2009, lorsque son fils dut lire le roman. C’est en prenant contact avec l’éditeur Gallimard, en janvier 2010, qu’il aurait appris la prochaine libération des droits. Un mois après, le producteur Thomas Langmann aurait reçu un scénario adaptant "La guerre des boutons" écrit, dit-on, par un inconnu. En quête d’un projet grand public, il décide de le produire. En pleine préproduction de sa propre version, Marc du Pontavice apprend par Canal + l’existence du projet concurrent en octobre. Stupéfaction...

En janvier 2011, les deux producteurs ont un bref contact. Mais il n’y aura pas de paix de braves. Le combat des chefs devient guerre d’ego. Selon "Le Figaro", Langmann propose à du Pontavice de transformer son projet en film d’animation. Chacun des deux prétendants tente d’obtenir la bénédiction de Danièle Delorme, veuve d’Yves Robert. Objectif ? Récupérer la célèbre réplique de Tigibus: "Si j’aurais su, j’aurais pas venu !" - dialogue sorti de l’imagination d’Yves Robert et non du roman. Danièle Delorme les éconduit poliment, respectant la volonté de son mari (décédé en 2002) de ne pas céder les droits de son film.

Chacun aligne alors ses troupes. Du Pontavice et Yann Samuell annoncent une affiche composée de Mathilde Seigner, Alain Chabat, Eric Elmosnino et Fred Testot pour encadrer leur troupe en culottes courtes. Budget total : 12,6 millions d’euros. Langmann sort une plus grosse artillerie avec Kad Merad, Gérard Jugnot, Guillaume Canet et Laetitia Casta - à eux quatre : un cinquième du budget de 16 millions d’euros. Le général Barratier empocherait 1,125 millions de minimum garanti (plus intéressement aux recettes), selon le "Figaro". Soit le triple du salaire de Yann Samuell. Auquel la concurrence aurait offert plusieurs centaines de milliers d’euros pour qu’il batte en retraite. Pour pimenter l’affaire, TF1, ne sachant sur quel camp miser, met ses œufs dans les deux paniers.

Mi-avril 2011, Yann Samuell lance le premier "Action !" pour seize semaines de production planifiées. Barratier suit deux semaines plus tard pour dix semaines. La sortie en salles du premier est alors prévue en novembre. Mais le 9 juin, Mars Distribution annonce que "La nouvelle guerre des boutons" - le Barratier - sortira le 28 septembre. UGC, distributeur en France du film de Samuell, réagit en deux heures, en avançant son Jour J au 14 septembre. Langmann tente une contre-attaque : sur support numérique, sa production pourrait être distribuée dès la même date. Les exploitants mettent le holà : pas question de défavoriser les salles qui ne sont pas encore équipées. On coupe la poire en deux : le Barratier sera visible dès le 21 dans certaines salles. Face à ce coup d’accélérateur, les deux réalisateurs n’ont d’autre choix que de mettre les bouchées doubles. Langmann renforce Barratier avec trois monteurs pour boucler en cinq semaines la postproduction d’un film dont le tournage s’est achevé le 6 août ! De son côté, Yann Samuell était encore en mixage son le 3 septembre dernier. La presse a découvert son film trois jours plus tard, moins de vingt-quatre heures avant celui de son rival... Du jamais vu.


Alain Lorfèvre

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