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Clooney, une ouverture glamour et politique

Publié le 1 septembre 2011 dans Festivals

La Mostra s’est ouverte hier soir avec “Les ides de mars”, 4e film de Clooney.
En offrant à George Clooney l’ouverture de sa 68e édition, la Mostra de Venise ne pouvait pas se tromper. Beau, intelligent, drôle, conscientisé "What Else ?" N’en jetez plus. A lui seul, il incarne ce qu’Hollywood a de mieux à proposer. Sa venue au Lido est donc toujours aussi attendue, même si elle ne constitue plus un événement, Clooney honorant Venise de sa présence quasi chaque année. Une fidélité qui a évidemment l’heur de réjouir le public vénitien qui, dès l’après-midi, sous un soleil de plomb, attendait sa star devant l’entrée de la "Sala grande", mais aussi les cinéphiles.

Depuis "Good Night, and Good Luck !" (déjà présenté à Venise en 2005), Clooney a en effet prouvé qu’il était désormais un réalisateur avec lequel il fallait compter. Après l’interlude rétro-ludique de "Leatherheads" en 2009, le revoici donc à nouveau sur le terrain de la politique avec "Les ides de mars". Son quatrième film décrit les luttes intestines qui se trament dans les coulisses de la primaire démocrate de l’Ohio, opposant les sénateurs Morris et Pullman. Interprété par Clooney, le premier est non religieux, pour les droits civiques et une meilleure répartition des richesses, défend l’écologie comme modèle de développement, refuse la guerre et les armes à feu... Un candidat idéal, pour ne pas dire idéaliste, que sa garde rapprochée doit confronter à la realpolitik... Car en politique comme ailleurs, personne n’est parfait et tous les coups sont permis pour s’imposer... Voilà un film qu’on a déjà vu ("Les hommes du président") mais que l’on revoit avec plaisir, en grande partie grâce au charisme de ses acteurs.

Hormis Ryan Gosling (pourtant le rôle principal), tous ont fait le déplacement à Venise : Philip Seymour Hoffman, Evan Rachel Wood, Marisa Tomei et Paul Giamatti. Autant dire que la salle de presse était plus que comble hier pour les accueillir en conférence de presse, un exercice dont ne raffole pas Clooney. Entre deux blagues, il se montre ceci dit sérieux même si, en bon acteur hollywoodien, il se défend d’avoir voulu faire un film politique. "On peut faire la même chose sur Wall Street. Cela parle de moralité : est-on prêt ou non à se vendre ?" Adapté d’une pièce de Beau Willimon, le film revendique en effet une dimension tragique. "On est parti de la pièce car le sujet nous intéressait : la fin justifie-t-elle les moyens ? Les ides de mars, c’est simplement la date, le 15 mars. On a choisi ce titre car certains des thèmes nous semblaient shakespeariens. Après, c’est au public de décider qui sont Cassius, Brutus et César "

Tout en réaffirmant qu’il n’a aucunement l’intention de se lancer lui-même en politique ("on a à la tête de notre pays quelqu’un de beaucoup mieux pour cela"), on sent bien que Clooney couche à l’écran une partie de ses idéaux. "Compte tenu de la situation actuelle dans notre pays, on vit un moment difficile, où le cynisme semble l’emporter sur l’idéalisme. Mais je suis optimiste, cela va changer, du moins je l’espère... "

Tout aussi graves, ses acteurs déplorent une dérive de la politique vers la représentation. "Il y a une grande différence entre Hollywood et Washington, estime Philip Seymour Hoffman. On a trop souvent tendance, les hommes politiques les premiers, à l’oublier..." Paul Giamatti de renchérir : "C’est vrai que la différence est en train de s’estomper alors que je voudrais qu’elle existe. Hollywood, c’est devenu le pays des merveilles à côté de Washington, un monde très dur, très cynique... "

Et Clooney de conclure sur ce parallèle entre homme politique et comédien, tous deux soumis aux compromissions. "Tout le monde fait des milliers de compromis tous les jours. Doit-on tourner aujourd’hui alors que le ciel est nuageux ? Faut-il réécrire ces dialogues ? La différence, c’est que les compromis que je dois faire en tant qu’acteur ou réalisateur n’ont pas de conséquences sur la vie des autres. Les histoires ne blessent pas." Pas celles de Clooney en tout cas...


Envoyé spécial de La Libre à Venise , Hubert Heyrendt

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