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Une 60e Berlinale sans vague : bilan et palmarès
Publié le 23 février 2010 dans Actu ciné
Le palmarès se révèle aussi terne
qu’une compétition qui ne laissera
guère de trace. Roman Polanski, Ours d’argent du
meilleur réalisateur, éclipse
déjà “Bal”, Ours
d’or auteuriste.
Pour son édition anniversaire, la Berlinale se sera une
nouvelle fois imposée comme le paravent du cinéma
d'auteur face au cinéma commercial. Refusant tout
compromis avec la médiatisation, elle aura exclu de sa
compétition toute superproduction - restant même
parcimonieuse à cet égard hors
compétition avec le seul "Shutter Island"
de Martin Scorsese comme pur film de studio. C’est au
cinéma plus confidentiel, qui peine de plus en plus
à trouver le chemin des salles, que cette édition
anniversaire de la Berlinale a voulu rendre hommage.
A lire le palmarès, pourtant, on peut déjà parier qu’aucun des films primés ne laissera une trace pérenne dans l’histoire du cinéma, à l’exception du "Ghost Writer" de Roman Polanski, Ours d’argent du meilleur réalisateur qui éclipsait dès samedi soir l’Ours d’or 2010. Fallait-il attribuer la récompense suprême à "Bal" ("Miel", en français), le prototype du "film de festival", qui consacre l’hiatus entre l’élite critique et le public et confond auteur avec hauteur ? Dans cette troisième partie d’une trilogie autobiographique, débutée avec "Œuf" (2007) et "Lait" (2008), on suit Yusuf (Boras Altas, sept ans à l’époque du tournage), un enfant introverti qui, dans un rêve prémonitoire, voit la mort de son père, apiculteur dans la forêt. La mise en scène consciente et calculée, voire démonstrative, de Semih Kaplanoglu, ne peut compenser une permanente sensation de déjà-vu.
La réflexion mystique sur les rapports entre l’homme et la nature aura sans doute séduit le président du jury, Werner Herzog. Dans ce registre, on aura préféré le plus original, "How I Ended This Summer" d’Alexei Popogrebsky, huis clos âpre et tendu en pleine lumière, où deux manutentionnaires d’une station météorologique polaire s’affrontent suite à un malentendu. Cette allégorie de la peur et de la paranoïa comme source de la violence décroche deux prix, celui de la meilleure contribution artistique pour le directeur de la photographie Pavel Kostomarov et l’Ours d’argent de l’interprétation masculine, que se partagent ses deux acteurs Grigori Dobrygin et Serguei Pouskepalis. Dans une compétition riche en rôles masculins forts, les Suédois Jacob Cedergren (pour "Submarino" de Thomas Vinterberg) et Stellan Skarsgard (pour "A Somewhat Gentle Man" de Hans Petter Moland), auraient pu prétendre à cette récompense.
Le jury est resté en outre très timide vis-à-vis des œuvres engagées et audacieuses. Aucun prix pour "Na Puta" de la Bosniaque Jasmila Zbanic (Ours d’or 2006 avec "Grbavica") et "Shahada" de l’Allemand Burhan Qurbani. Interrogeant les causes du fondamentalisme religieux, ce sont les deux rares films de la compétition en prise directe avec le quotidien. Sur le front des films sociaux, "Si je veux siffler, je siffle" de Florin Serban décroche, lui, deux prix, celui du Jury et le Prix Alfred-Bauer. Cette adaptation d’une pièce de théâtre où un jeune délinquant prend en otage une assistante sociale pour éviter à son jeune frère le même destin que lui ne s’écarte pourtant jamais des conventions dramatiques. Les Dardenne font école, mais leurs bons élèves manquent d’inspiration.
Alain Lorfèvre
... la suite sur lalibre.be
Le palmarès de la 60e édition de la Berlinale:
- Ours d'or du meilleur film: "Miel" du Turc Semih Kaplanoglu
- Ours d'argent - Grand prix du jury: "Si je veux siffler, je siffle" du Roumain Florin Serban
- Ours d'argent du meilleur réalisateur: le Franco-polonais Roman Polanski pour "The ghost writer"
- Ours d'argent du meilleur acteur: ex-aequo aux Russes Grigori Dobrygin et Serguei Pouskepalis pour leur rôle dans "How I ended this summer" d'Alexei Popogrebsky.
- Ours d'argent de la meilleure actrice: la Japonaise Shinobu Terajima
- Ours d'argent de la meilleure contribution artistique: Pavel Kostomarov pour la photo de How I ended this summer, d'Alexei Popogrebsky (Russie).
- Ours d'argent du meilleur scénario: "Tuan Yuan" (Apart together), de Wang Quan'an (Chine).
- Prix Alfred-Bauer, du nom du premier directeur de la Berlinale: "Eu cand vreau sa fluier, fluier" (Si je veux siffler, je siffle), de Florin Serban (Roumanie/Suède).
- Prix du meilleur premier film: "Sebbe" de Babak Najafi (Suède).
- Ours d'or du meilleur court métrage: "Händelse Vid Bank" de Ruben Ostlund (Suède).
- Ours d'argent du court métrage: "Hayerida", de Shai Miedzinski (Israël)
- Prix Teddy (Ourson) du meilleur film gay ou transgenre: "The kids are all right" de Lisa Cholodenko (USA)
- Caméra de la Berlinale (prix honorifique): le réalisateur japonais Yoji Yamada
- Ours de cristal de la section Generation 14 plus (enfants et adolescents): "Neukölln Unlimited" d'Agostino Imondi et Dietmar Ratsch (Allemagne)
A lire le palmarès, pourtant, on peut déjà parier qu’aucun des films primés ne laissera une trace pérenne dans l’histoire du cinéma, à l’exception du "Ghost Writer" de Roman Polanski, Ours d’argent du meilleur réalisateur qui éclipsait dès samedi soir l’Ours d’or 2010. Fallait-il attribuer la récompense suprême à "Bal" ("Miel", en français), le prototype du "film de festival", qui consacre l’hiatus entre l’élite critique et le public et confond auteur avec hauteur ? Dans cette troisième partie d’une trilogie autobiographique, débutée avec "Œuf" (2007) et "Lait" (2008), on suit Yusuf (Boras Altas, sept ans à l’époque du tournage), un enfant introverti qui, dans un rêve prémonitoire, voit la mort de son père, apiculteur dans la forêt. La mise en scène consciente et calculée, voire démonstrative, de Semih Kaplanoglu, ne peut compenser une permanente sensation de déjà-vu.
La réflexion mystique sur les rapports entre l’homme et la nature aura sans doute séduit le président du jury, Werner Herzog. Dans ce registre, on aura préféré le plus original, "How I Ended This Summer" d’Alexei Popogrebsky, huis clos âpre et tendu en pleine lumière, où deux manutentionnaires d’une station météorologique polaire s’affrontent suite à un malentendu. Cette allégorie de la peur et de la paranoïa comme source de la violence décroche deux prix, celui de la meilleure contribution artistique pour le directeur de la photographie Pavel Kostomarov et l’Ours d’argent de l’interprétation masculine, que se partagent ses deux acteurs Grigori Dobrygin et Serguei Pouskepalis. Dans une compétition riche en rôles masculins forts, les Suédois Jacob Cedergren (pour "Submarino" de Thomas Vinterberg) et Stellan Skarsgard (pour "A Somewhat Gentle Man" de Hans Petter Moland), auraient pu prétendre à cette récompense.
Le jury est resté en outre très timide vis-à-vis des œuvres engagées et audacieuses. Aucun prix pour "Na Puta" de la Bosniaque Jasmila Zbanic (Ours d’or 2006 avec "Grbavica") et "Shahada" de l’Allemand Burhan Qurbani. Interrogeant les causes du fondamentalisme religieux, ce sont les deux rares films de la compétition en prise directe avec le quotidien. Sur le front des films sociaux, "Si je veux siffler, je siffle" de Florin Serban décroche, lui, deux prix, celui du Jury et le Prix Alfred-Bauer. Cette adaptation d’une pièce de théâtre où un jeune délinquant prend en otage une assistante sociale pour éviter à son jeune frère le même destin que lui ne s’écarte pourtant jamais des conventions dramatiques. Les Dardenne font école, mais leurs bons élèves manquent d’inspiration.
Alain Lorfèvre
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Le palmarès de la 60e édition de la Berlinale:
- Ours d'or du meilleur film: "Miel" du Turc Semih Kaplanoglu
- Ours d'argent - Grand prix du jury: "Si je veux siffler, je siffle" du Roumain Florin Serban
- Ours d'argent du meilleur réalisateur: le Franco-polonais Roman Polanski pour "The ghost writer"
- Ours d'argent du meilleur acteur: ex-aequo aux Russes Grigori Dobrygin et Serguei Pouskepalis pour leur rôle dans "How I ended this summer" d'Alexei Popogrebsky.
- Ours d'argent de la meilleure actrice: la Japonaise Shinobu Terajima
- Ours d'argent de la meilleure contribution artistique: Pavel Kostomarov pour la photo de How I ended this summer, d'Alexei Popogrebsky (Russie).
- Ours d'argent du meilleur scénario: "Tuan Yuan" (Apart together), de Wang Quan'an (Chine).
- Prix Alfred-Bauer, du nom du premier directeur de la Berlinale: "Eu cand vreau sa fluier, fluier" (Si je veux siffler, je siffle), de Florin Serban (Roumanie/Suède).
- Prix du meilleur premier film: "Sebbe" de Babak Najafi (Suède).
- Ours d'or du meilleur court métrage: "Händelse Vid Bank" de Ruben Ostlund (Suède).
- Ours d'argent du court métrage: "Hayerida", de Shai Miedzinski (Israël)
- Prix Teddy (Ourson) du meilleur film gay ou transgenre: "The kids are all right" de Lisa Cholodenko (USA)
- Caméra de la Berlinale (prix honorifique): le réalisateur japonais Yoji Yamada
- Ours de cristal de la section Generation 14 plus (enfants et adolescents): "Neukölln Unlimited" d'Agostino Imondi et Dietmar Ratsch (Allemagne)
