Doryan

Doryan
  • Membre depuis le 09/05/2006
  • Nombre de critiques : 55
Publié le 17 décembre 2015
Impossible de parler de l'intrigue sans trahir celle-ci, ce qui, au vu de l’engouement populaire suscité par le film, constituerait un crime de lèse-Force. Je me contenterai donc d’une critique laconique sur la qualité scénaristique et visuelle de ce nouvel opus Star Wars, qui renouvelle avec vigueur et entrain une saga à laquelle les trois plus récents épisodes (dans l’ordre de leur réalisation) avaient quelque peu ôté une part de la magie originelle. Suffisait-il que Tonton Georges quitte la saga pour lui faire retrouver des couleurs et une originalité scénaristique quelque peu égarée ? Ce septième opus semble en tout cas le confirmer. « Le réveil de la Force » combine avec brio les ingrédients qui ont fait le charme des épisodes 4,5 et 6, en alliant action, humour et rebondissements familiaux dans un univers où la magie parvient à se renouveler. Exit la pauvreté scénaristique des épisodes 1 à 3 et leurs personnages aussi fantasques qu’inutiles. L’histoire - plus élaborée - de cet opus parvient à captiver en ne laissant jamais les effets digitaux la noyer sous une surenchère gratuite. L’action et les scènes de poursuite à la Star Wars sont certes présents, mais ne dominent fort heureusement jamais l’humanité des personnages, pas davantage qu’ils ne s’imposent par rapport à l’émotion du récit. C’est en cela sans doute que le film réussit pleinement son pari : en alliant la richesse d’un scénario inventif avec une primauté bienvenue conférée aux personnages. En un mot, allez le voir sans hésiter ; « Le réveil de la Force » ressuscite la magie Star Wars avec enthousiasme, et augure d’une nouvelle trilogie de grande qualité dont on attend déjà impatiemment les prochains opus.

Publié le 12 novembre 2015
Un improbable Romeo et Juliette dans l’univers des bandes urbaines de Bruxelles. A l’instar de « La Haine » de Kassovitz, une descente dans le réel de certains « jeunes » dont les rubriques de faits divers se font presque quotidiennement l’écho. On y voit sans surprises ce qu’on y lit. Quotidien de délinquant fait de vols à la tires, séchage impudent des cours, commissariats, effronteries devant les keufs ennemis, passages par le case prison, clanisme primaire où voler donne de l’estime, insultes redondantes à gogo issus d’un navrant microcosme grammatical… la caméra de « Black » montre ce visage de Bruxelles qui fait peur, qui fait fuir ou haïr, et inciter promptement à l’opprobre globale sur les uns ou les autres. Entre les 1080 de Molenbeek (les riverains reconnaîtront aisément plusieurs quartiers) et les Black Bronx du haut de la ville, la rivalité née d’une banale altercation dans le métro, s’amplifie lorsque Marouane, des premiers, flirte avec Mavela, des seconds. Une relation qui bafoue la règle d’honneur des clans où on ne sort qu’entre membres. Et qui va déclencher une escalade de haine et d’expéditions punitives destinées à bien faire comprendre à l’autre – et parfois aux siens – qu’on ne badine pas avec l’honneur. Même avec cette naïve prétention identitaire et communautariste qui en tient lieu au sein de ces bandes. Un état d’esprit dont on retrouve trace dans certains dialogues ; « Même si tu es né ici, pour eux tu seras toujours un étranger »... ou comment formater l’esprit à avaliser des crédos qui condamnent d’emblée à accréditer l’antagonisme naturel entre soi et l’autre, justifiant la marginalité et la violence en guise de survie. Une triste illustration naturaliste de certaines mentalités sclérosées et d’un échec social à un échelon plus général, dont la réalité n’est hélas plus à démontrer. Bruxelles, triste lieu de théâtres des règlements de compte entre bandes aussi crétines que violentes, où poings et armes sont les seuls vecteurs d’un sectarisme pourvoyeur d’identité. Où certains se font happer par des clans comme d’autres le sont par le radicalisme religieux. Un film qui illustre ce qui est, même en noircissant inévitablement un scénario qui tente de montrer les dérives de son sujet jusqu’au bout, mais dont la violence brute n’est hélas pas imaginée. Un portrait sans baume d’une maladie dont la société qui l’abrite peine tant à guérir.

Publié le 25 octobre 2015
Un film qui a suscité une salve de désapprobations et d’interdictions au Maroc, et pour cause… Le sujet de la prostitution et des amours tarifés au pays suscite ou ranime la prise de conscience inconfortable du dualisme d’une société civile, écartelée entre condamnation officielle et tolérance officieuse d’un phénomène qui dérange tout en irriguant une économie sous-terraine sur laquelle il fait pleuvoir l’argent des touristes sexuels, fussent-ils Saoudiens ou Européens. La caméra naturaliste de Nabil Hayouch suit le quotidien de 3 femmes vivant de sexe rémunéré, d’amours imaginaires exploitant le touriste en quête de rêve exotique, ou de parties fines dont l’attrait est évidemment proportionnel à la fortune des hommes qu’on y croise. Se définissant elles-mêmes comme l’«or noir marocain», leurs personnages illustrent un syncrétisme identitaire sans doute en partie représentatif, à la fois mères de famille ou jeunes amantes le jour, et prostituées de luxe le soir, reniflant le touriste fortuné et ramassant les dinars ou les euros à même le sol, dans une torpeur pathétique et une conscience avilie de leur sort. Les dialogues et les images sont crûes et évidées d’émotion, à l’image du sexe dont vivent les protagonistes: brutal, sec, hédoniste et égoïste. Le film illustre une réalité qui dérange ostensiblement, et le fait avec un naturalisme dé-maniéré qui justifie par ailleurs l’interdiction aux moins de 16 ans. Portrait désabusé d’une catégorie de femmes vivant de la vente de leurs charmes et soucieuses pour ce faire de maintenir leur apparat, « Much loved » est surtout l’illustration d’un matérialisme désentimentalisé dont l’argent est devenu seul baromètre, et où la part de rêve se résume à épouser un homme riche afin de pouvoir vivre de luxe et d’oisiveté. Les critiques à l’encontre du film, l’accusant de dénigrer la femme marocaine, sont à mon sens injustifiées; ce n’est pas le portrait des femmes marocaines dans leur ensemble qui est brossé ici, mais juste celui d’une catégorie ciblée de femmes, dont la réalité préfère souvent être oubliée ou minimisée parce qu’inélégante pour l’image du pays. Mais comprendre le quotidien souvent déshumanisé et matérialisé à outrance de ces femmes passe pourtant par le regard. Même s’il suscite un choc et un inconfort moral. Deux émotions que le film parvient pleinement à générer par son naturalisme décharné et son realisme nu portraituré sans complaisance.

Publié le 23 septembre 2015
La bande-annonce est assez trompeuse ; elle laissait augurer d’une comédie au ton burlesque, servie par notre Benoît national campant un Dieu cabotineur à souhait, multipliant les maladresses et les infortunes en quittant son paradis pour se lancer à la poursuite de sa fille. Mais le résultat en est assez éloigné; la plupart des scènes comiques se limitent à celles de la bande-annonce. Poelvoorde se contente de quelques apparitions épisodiques où il fait du Poelvoorde en électron libre, parfois en sur-jouant, mais on réalise vite que son personnage n’est finalement que secondaire. Le style dominant est plutôt celui d’une comédie mélodramatique, caractéristique du cinéma quelque peu onirique de Van Dormael, partagé entre allégorie et symbolisme, et où l’essentiel du propos se situe dans la quête de 6 nouveaux apôtres par la fillette, et l’analyse de leur réaction face à l’annonce de la date de leur décès. Quelques touches de poésie et de surréalisme (la relation entre Catherine Deneuve et le gorille, les oiseaux) ponctuent un film finalement loin d’être aussi drôle que certains auraient pu le supposer. Le film ne s’épargne pas non plus quelques longueurs ou l’ennui se tient en embuscade. On a parfois un peu l’impression que les scènes avec Poelvoorde ne servent qu’à venir greffer quelques touches de burlesque dans un sujet bien plus sérieux et dramatique. L’entremêlage de ces deux genres peut déconcerter, alternant un comique pas toujours très délicat avec du mélodrame teinté de touches surréalistes. Un film qu’on pourrait donc ressentir comme plutôt bigarré et dépourvu d’unité stylistique. Ce n'est pas vraiment le meilleur opus de Van Dormael.

Publié le 21 mai 2015
OK, c'est filmé en caméra cachée et à l'insu des autres intervenants, ce qui suppose une bonne préparation, un sens de l'impro et une parfaite réactivité... tout cela hélas n'empêche en rien le sujet d'être idiot, les propos souvent vulgaires et les situations filmées plus débiles les unes que les autres. L'irrévérence et le côté "osé" amuseront sans doute les afocionados des skectches de Laurent Baffie ou de notre François Damiens national, mais à part eux... Bref, à fuir si vous êtes un amateur de bon goût et d'humour fin, vous aurez deviné que ce "film" ne se destine pas priotitairement à vous.

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