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Rétrospective Atom Egoyan à la CINEMATEK !

Publié le 12 mai 2015 dans Actu ciné

Jusqu'au 31 mai, CINEMATEK propose une rétrospective consacrée au cinéaste canadien Atom Egoyan.

Relations familiales troubles, communication perturbée, problèmes d'identité et d'aliénation, thèmes de la perte et de la mort : à première vue, l’œuvre du cinéaste canadien est imprégnée de gravité. Il aborde, pourtant, le cinéma de manière ludique, en expérimentant librement les structures temporelles et les supports, restant vigilant à ce que ses films ne pâtissent pas de la lourdeur que les thématiques abordées pourraient laisser présager.

Dès ses premiers films, Atom Egoyan jongle avec le support vidéo, dont les images, chancelantes à l'époque, offrent un contraste saisissant avec les images en pellicule 35mm (ou même 16mm). Ainsi, dans Family viewing, un père de famille enregistre ses ébats sexuels sur des bandes vidéo comportant les souvenirs de jeunesse du personnage principal.
Dans L'assureur, une membre de la commission de censure copie en douce les scènes pornographiques des films qu'elle est censée juger. Et dans son premier film, Proches parents, un adolescent apprend à connaître, par le truchement d'images vidéo, tous les membres d'une famille d'immigrés arméniens, ce qui n'est pas un hasard. En effet, Atom Egoyan est né en Égypte de parents arméniens, avant d'immigrer au Canada à l'âge de trois ans.

L’Arménie, son génocide, et les bouleversements de l'identité dus à l'exil, sont autant de thèmes qui traversent l’œuvre du cinéaste. Des thématiques qui, sans revenir systématiquement au premier plan de chacun de ses films, demeurent néanmoins récurrentes. L'exemple le plus frappant est sans doute Calendar, dans lequel un photographe, interprété sciemment par le cinéaste lui-même, se remémore un voyage en Arménie à travers des images vidéo et des photographies. Ou encore : Ararat, dans lequel on suit un cinéaste arménien qui projette de tourner à Hollywood un film sur le génocide arménien, que les autorités turques refusent toujours de reconnaître officiellement. Un sujet idéal pour Egoyan qui n'a eu de cesse de questionner la capacité des images à énoncer la vérité.

Vérité et mensonge jouent également un rôle prépondérant dans La vérité nue, ce que laisse sous-entendre le double sens du titre original Where the truth lies.
Dans les films d'Egoyan, la frontière entre vérité et mensonge s’efface généralement lorsque la mort entre en jeu, la dénégation se présentant comme une forme possible du deuil. C'est le cas, par exemple, dans De beaux lendemains, ou plus récemment dans Captives. Une autre thématique récurrente est celle du voyeurisme, présent dès ses premières expérimentations avec la vidéo. On pense naturellement à Speaking parts, mais aussi à L'assureur, à Exotica (dont l'action se déroule dans un club de strip-tease), ou encore à Chloé, remake de Nathalie… d'Anne Fontaine.

Malgré la quantité d'émotions brassées par Egoyan dans ses films, ceux-ci ne souffrent pourtant d'aucun sentimentalisme, bien au contraire. Ses narrations restructurées, tissées de flash-back et de changements de points de vue, lui ont même valu la réputation d'être l'auteur de films “froids”, voire “glaçants”. “C'est un peu comme si vous faisiez une croix sur Schönberg parce qu'il compose de la musique atonique” dit un jour le critique Kent Jones à propos des films d'Egoyan. Autrement dit, cette prétendue froideur fait le style des films d'Egoyan, et bizarrement, ce qui nous repousse dans ses films est justement ce qui nous y attire.

Le programme complet est disponible sur le site de CINEMATEK.


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